Rumba à la Cinémathèque

Message posté le mardi 10 février 2009 par Coordination 100 ans de jeunesse

images.jpg« Le langage des couleurs s’adresse à tous en prenant des chemins de traverse, des voies souterraines. Les couleurs communiquent sans passer par les mots. C’est un langage humain, international qui s’adresse directement à nos sens. »
Dominique Abel (l’un des réalisateurs de Rumba).

Réalisé et interprété par Dominique Abel, Fiona Gordon & Bruno Romy.
Image : Claire Childeric
Son : Fred Meert, Manu de Boissieu
Montage : Sandrine Deegen
Décors : Nicolas Girault – Laura Couderc. Costumes : Claire Dubien
France-Belgique. Sorti en salles en septembre 2008.

Résumé :
Instituteurs dans une école de campagne, Fiona et Dom sont un couple plein de fantaisie… et qui partage une passion pour la danse. Une nuit, de retour d’un concours de danse, ils ont un accident de voiture qui va faire basculer leur vie… dans un monde encore plus étrange.

Le lundi 26 janvier 2009,trois classes participant au Cinéma, cent ans de jeunesse en Ile-de-France (les 4ème et 3ème des collèges Maurice Thorez et Joliot Curie, ainsi que les élèves des 2nde et 1ère en option cinéma du lycée Raspail), ont assisté à la projection de Rumba, organisée pour eux à la Cinémathèque.

La séance s’est déroulée en présence de Claire Childéric qui collabore régulièrement aux ateliers de la Cinémathèque et a été directrice de la photographie sur ce film.

Après la projection, élèves et professeurs ont pu dialoguer avec elle de son travail sur la photographie dans ce film burlesque, haut en couleurs.

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Voici quelques morceaux choisis de cette présentation et du débat qui a suivi le film :
« Dans Rumba, les couleurs sont très présentes tout au long du film. Mais il y a deux moments où la couleur disparaît complètement, lesquels ? »
– A l’hôpital, où l’on retrouve Fiona après l’accident : tout devient blanc, les murs, les vêtements, jusqu’à ce que la couleur soit ramenée dans la chambre d’hôpital par la visite des enfants de l’école et leurs vêtements bariolés.
L’autre moment survient après l’incendie de la maison, où tout est noir, jusqu’au linge qui pend sur le fil d’étendage. La couleur a complètement disparu. »

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Les réalisateurs, Dominique Abel, Fiona Gordon & Bruno Romy, viennent du spectacle vivant, comme souvent les pionniers du cinéma (clowns, acteurs, magiciens…). En passant des planches au cinéma, ils tenaient à garder leur langage poétique ainsi qu’une complicité avec le spectateur. Leurs films, considérés comme du cinéma burlesque, sont des contes, des fables, des métaphores qui leur permettent de parler de choses qui les touchent et les font rire, même dans un registre parfois sombre.
Pour Rumba, dès l’écriture du scénario, les réalisateurs (qui sont aussi les acteurs principaux) imaginaient une image colorée et lumineuse. Ils avaient en tête : les personnages en été, les décors en hiver. Il était important pour eux que les acteurs se détachent des fonds et que les silhouettes et les visages soient toujours lisibles même la nuit.

Ce rapport de couleurs (rapport chaud/ froid) concrétise en fait l’optimisme inébranlable des personnages face au destin qui s’acharne sur eux, quelquefois cruellement.

Pour privilégier le jeu physique qui passe par le langage des corps, la plupart de plans sont des plans séquences larges et fixes.

Le travail du directeur de la photo (ou du chef opérateur) commence bien sûr avant le tournage, pour comprendre et interpréter les désirs des réalisateurs. Avec toute l’équipe image (assistant caméra, électriciens, machinistes), nous avons fait des choix de matériel (pellicule, caméra, lumière) en accord avec ces intentions. Alors que les réalisateurs sur le tournage sont essentiellement occupés par le jeu des acteurs et la mise en scène, le chef opérateur est entièrement responsable de la qualité artistique et technique de l’image du film.

Les couleurs
Les couleurs vives (souvent primaires) des costumes ont été choisies souvent intuitivement par les réalisateurs pour leur gaieté mais aussi par désir de simplicité et de lisibilité. Le choix des fonds ou des décors dans des tons plutôt froids (vert du gymnase, et des paysages de campagne, gris des ciels, des rues, bleu de certains autres ciels et bleu vert de la mer) ont permis de mettre en valeur ces couleurs.

La lumière
Nous n’avons jamais coloré la lumière (avec des gélatines) pour que la palette des couleurs choisies (costumes et décors) soit respectée. Mon travail a été aussi de choisir les heures de tournages en fonction de la direction du soleil pour chaque lieu extérieur (travail de repérages avant le tournage) : les couleurs ressortent mieux quand la lumière n’est ni trop face, ni trop latérale, il ne fallait pas non plus que les décors soient plus lumineux que les personnages.

La nuit
Contrairement à la convention, nous n’avons pas choisi de « bleuir » les nuits, sauf dans la chambre d’hôpital où l’ambiance est un peu froide. Les réalisateurs tenaient à une interprétation personnelle de la nuit, qui soit comme magique, (comme pour les autres effets spéciaux du film entièrement réalisés de manière artisanale à la prise de vue).
Nous avons donc tourné en plein jour ou en fin de journée pour faire croire à la nuit. Pour cela nous avons fermé le diaphragme mais contrairement à ce que l’on pense cela nous a obligé à rajouter beaucoup de lumière artificielle pour voir les visages et les corps.

Claire Childéric (chef-op image de Rumba) 26 jan 09.

Photos : Rumba ©Claire Childéric – Courage mon amour film/ MK2.