Notre collège compte environ 400 élèves et se trouve en Alsace, à 15 km de Strasbourg, dans un gros village de 4900 habitants, célèbre dans la région pour ses asperges, son hippodrome et son carnaval.
Notre atelier existe depuis 21 ans et il a déjà participé à 7 thèmes de Cinéma cent ans de jeunesse : la lumière, le rapport figure/fond, le point de vue, la couleur, la part du réel dans la fiction, mettre en scène et le plan séquence.
Cette année nous sommes 11 élèves des 4 niveaux du collège : deux élèves de troisième, un de quatrième, trois de cinquième et cinq de sixième. Depuis l’an dernier, nous travaillons le mercredi après-midi, après les cours, de 12h 30 à 15h. Nous avons tout le collège pour nous mais notre QG est la salle de musique.
Pour découvrir le thème de cette année, nous avons regardé un film de François TRUFFAUT, l’Argent de poche, de 1976. Un ancien élève nous a d’abord présenté l’œuvre de ce réalisateur, son enfance et sa pratique de l’école buissonnière, et surtout le cinéma de la Nouvelle Vague. Cet ancien élève du collège, Thomas Voltzenlogel, avait participé à notre atelier de la 6ème à la 3ème et il a obtenu un bac option cinéma l’an dernier. Cette année il fait des études d’Arts du spectacle option cinéma et il vient de temps en temps nous prêter main forte.
La semaine suivante, notre réalisatrice intervenante Mme Mariette Feltin et notre professeur M. Patrick Pigeollot, nous ont encore parlé de ce film, mais cette fois par rapport au thème de l’intervalle. Ils ont parlé d’intervalle psychologique et d’intervalle technique ou physique. L’intervalle psychologique rapproche ou éloigne les personnages entre eux, comme la mère et son petit garçon, comme reliés par un élastique, ou encore Julien, l’enfant coupé de sa mère qu’on ne voit jamais, sauf à la fin, lorsqu’ils seront séparés définitivement… Cet intervalle psychologique est représenté par l’intervalle technique qui rapproche ou éloigne physiquement les personnages entre eux, ou qui les rapproche ou éloigne de la caméra.
Ce jeu de distance entre la caméra et le personnage est bien visible dans « Le pain et la rue », court métrage iranien de 1970, d’Abbas Kiarostami. Ce film que nous avons longuement analysé nous a beaucoup plu.
Parallèlement, nous avons fait une série d’exercices qui nous ont permis d’apprendre à régler la mise au point et la lumière sur la caméra, de travailler aussi la profondeur de champ. Ensuite, nous avons réalisé des séries de 3 photos montrant 2 personnages éloignés de 7 mètres.
Nous avons photographié en longue, moyenne et courte focale et nous avons été très surpris de voir le résultat:
– en longue focale, il n’y a quasiment plus d’espace entre les personnages, et Tanguy, qui est au fond, est complètement flou. Pour avoir le visage de Justine en entier, il a fallu beaucoup reculer l’appareil photo.
– Au contraire, en courte focale, les personnages paraissent très éloignés et celui du fond est plus net. En revanche la courte focale oblige à photographier le premier personnage de près, mais du coup, le visage de Justine est un peu déformé.
Justine et Tanguy en longue focale, en focale intermédiaire, puis en focale courte, avec l’appareil photo reflex.
Une autre surprise : nous avons réalisé ces séries de 3 photos en deux groupes, l’un avec l’appareil photo reflex et l’autre avec la caméra, les résultats sont très différents malgré l’application des mêmes consignes. On nous a expliqué que cela provient des objectifs qui n’ont pas les mêmes rapports de longueur de focale et la même ouverture. Du coup, la faible profondeur de champ, c’est-à-dire le rapport flou/net, est plus accentuée avec l’appareil reflex.
Nous avons également fait un deuxième exercice qui consistait à filmer deux fois un personnage qui marche vers la caméra, d’abord en focale courte puis en focale longue. Nous avons compté les pas et on a constaté qu’avec la focale longue, le personnage marche beaucoup plus longtemps, il fait presque du surplace au début, ce qui est normal, puisque nous avons dû reculer très loin avec la caméra. Un inconvénient en longue focale, le personnage devient vite flou si on ne fait pas la mise au point au fur et à mesure. Avec la focale courte, la mise au point reste bonne, c’est plus facile.
Comme pour l’autre exercice, nous l’avons réalisé en deux groupes, l’un avec l’appareil photo reflex en mode vidéo et l’autre avec la caméra. Avec l’appareil photo reflex en mode vidéo et en longue focale, le personnage marche encore plus longtemps.