Nous avons eu l’idée de marquer de différentes façons les contrastes entre les deux caractères des personnages. L’un est réservé et timide. L’autre au contraire est téméraire et exubérant. Un casting où chaque candidat devait jouer pendant soixante seconde une situation de gène et de malaise nous a permis de donner le premier des rôles à Younès. Il est physiquement de taille moyenne avec les cheveux bruns et les yeux noirs. Pour le second rôle, nous avons choisi Mia qui est de grande taille, blonde avec des yeux clairs.
Nous avons imaginé comment marquer encore la différence par une séparation entre les personnages dans les différents lieux repérés. En classe, nous avons utilisé l’espacement entre les bureaux où passe le professeur. Dans le couloir, nous avons placé Mia et Younès loin l’un de l’autre dans le rang.
Nous avions imaginé une scène au garage à vélos qui n’a finalement pas été retenue au montage final à cause de la longueur du film. Nous nous sommes inspirés de la scène de la piscine du film Raging Bull où un jeune boxeur pauvre tente d’approcher une jeune fille dans un club nautique pour personnes favorisées.
Dès le début de la scène, les enfants pauvres du quartier sont tenus à l’écart derrière des grillages sur les terrasses. Jake lui aussi se trouve de l’autre coté du grillage.
Il essaye de rentrer en contact avec la jeune fille. Lui est en bas sur le trottoir et elle en hauteur sur les dalles de la plage de la piscine. La grille marque la différence de classe sociale entre eux. Jake doit la franchir pour pouvoir rencontrer cette fille qui lui est normalement interdite. Le premier contact se fait par le rapprochement des mains.
Nous avons mis en scène cette idée de premier rapprochement entre Younès et Mia dans le garage à vélos. Nous avons choisi de placer Mia à l’intérieur et nous avons filmé depuis l’autre côté de la grille pour signifier la différence de maîtrise du vélo entre les deux. C’est l’enjeu, une sorte de frontière que Mia veut faire franchir à son ami en voulant réussir à le convaincre de venir avec elle à une balade en vélo.
Nous avons ensuite filmé Younès dans le labyrinthe des allées de la maison de quartier pour montrer qu’il gamberge et qu’il n’est pas certain de vouloir aller à la sortie surprise proposée par Mia. C’est comme si il était prisonnier de ses craintes et de ses peurs. Mia en ouvrant la grille lui donne une chance de pouvoir s’en libérer ensuite.
Sur la digue de l’Isère, Younès toujours craintif et prudent reste sur la piste goudronnée alors que Mia intrépide comme à son habitude descend sur le chemin étroit et dangereux de la berge. Younès ne parvient toujours pas à se libérer et à se lâcher, ses craintes sont plus fortes que ses envies. C’est ce qui nous a donné l’idée du titre Et Si … Nous avions aussi pensé à En avant ! ou Pourquoi pas ?
Au pont sur l’Isère, malgré l’instance de Mia, Younès n’arrive toujours pas à se séparer de sa retenue. Il n’ose pas prendre comme Mia la voie pour piétons et il reste sagement sur la piste cyclable.