Le sujet de l’année

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LE TEMPS, AU CINÉMA

« L’image est cinématographique si elle vit dans le temps et si le temps vit en elle, dès le premier plan tourné. »
« Le maître tout-puissant de l’image cinématographique est le rythme, qui exprime le flux du temps à l’intérieur du plan.
« C’est avant tout à travers ce sens du temps, à travers le rythme, que le réalisateur exprime son individualité. Le rythme colore l’œuvre de traits stylistiques. Le rythme n’est ni pensé ni construit par des procédés arbitraires purement intellectuels. Le rythme d’un film naît spontanément de la perception profonde que le réalisateur a de la vie, de sa « recherche du temps ».

Tarkovski (Le temps scellé, éd. Cahiers du cinéma)

La question du temps est essentielle à toute approche pédagogique du cinéma. Aussi bien dans la réception des films que dans le passage à la pratique. Le temps est la matière première fondamentale du cinéma dès L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat.

On l’abordera à deux niveaux principaux.

  • Le temps du plan (comme bloc de temps réel capté par la caméra) / le temps de la narration (comme temps abstrait de l’énonciation, du récit).

Cette distinction engage aussi la dualité : regarder/raconter.

Elle met en jeu le choix initial de la nature même des plans : plans longs (plan-séquence) / plans courts (cinéma de découpage et de montage).

  • La question du temps de l’histoire (durée supposée de l’histoire) et du temps du film (durée du film).

La durée très limitée du film implique toutes sortes de stratégies de condensation du temps : les ellipses ; les marqueurs de temps (cartons, indications de dialogues, horloges et montres, alternance jour-nuit, indicateurs de saisons, etc) ; les condensations et accélérations par les acteurs des gestes, des trajets, des actions ; les gestes épurés.

On abordera aussi les questions de la successivité et la causalité, de la simultanéité, du changement qu’apporte la musique à la perception du temps, du rapport du cadre et du temps, des manipulations techniques du temps (ralenti/accéléré, fondus enchainés, surimpressions, splitscreens), etc.

Alain Bergala


TIME IN CINEMA

The image is cinematographic if it lives in time and if time lives in it, from the first filmed shot.”
The almighty master of the cinematographic picture is the rhythm, who expresses the flow of time within the shot.
It is, beforehand, through this meaning of time, through the rhythm, that the filmmaker expresses his/her individuality. The rhythm colours the work with stylistic traits. The rhythm is neither thought nor constructed by purely intellectual arbitrary methods. The rhythm of a film emerges spontaneously from the deep perception the filmmaker has of life, of his/her “search of time”.

Tarkovski (Le temps scellé, éd. Cahiers du cinéma)

The question of time is essential to any cinema education approach. Whether it is in the films reception or in the transition into practice. Time is the fundamental raw material of cinema straight from The Arrival of a Train at La Ciotat.

We will tackle it from two main angles.

  • The time of the take (as a real block of time captured by the camera) / the time of the narration (as an abstract timing of the enunciation, of the narrative).

The distinction implies also the duality: watch / tell.

It involves the initial choice of the type of shots itself: long takes (sequence shot) / short takes (cinema of cutting and editing).

  • The question of the story time (supposed length of the story) and the time of the film (length of the film).

The very limited time of a film requires all sorts of strategies of time condensation: ellipses; time markers (title cards, dialogue indications, clocks and watches, day-night succession, season clues, etc.); condensations and accelerations by the actors of gestures, journeys, actions. The sleek gestures.

We will then address questions of succession and causality, of simultaneity, of change brought by music to the perception of time, of the frame and time relationship, of technical manipulations of time (slow motion/quick motion, fade-in/fade-out, overlays, split screens), etc.

Alain Bergala

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