Archive pour le 09.2009

Salutations suisses

mardi 29 septembre 2009
J’ai contacté des collègues, artistes suisses, et lancé ce matin une pétition à propos de Polanski. J’en suis actuellement à une centaine de signatures.Le texte de la pétition: 

Indignés

par l’incarcération de Roman Polanski,venu en Suisse pour y être honoré, Consternéspar l’image désastreuse que cette arrestation donne de notre pays, les personnes soussignées – artistes, intellectuels, amoureux de la culture – demandent à Madame la conseillère Widmer-Schlumpfde libérer immédiatement ce cinéaste.  Signataires, au 29 septembre à 17 heures: Michel Bühler Christophe Gallaz Lionel Baier Ursula Meier Daniel de Roulet Jean Romain Francis Reusser Carole Beck Adeline Stern Hélène Cardis Diana Bolzonello-Garnier Michel Beuchat Bernard Comment Matilda Tavelli Cunado Philippe Pache Josef Zisyadis Alex Mayenfisch Stéphane Goël Elisabeth Horem Claude Richardet Philippe Clot Alain Tanner Marc Pahud Janine Massard Laurence Scheurer Jean-Pierre Grey Fernand Melgar Daniel Fahri Michel Thévoz René Gonzalès Pierre Bauer Tiziana Soudani Mohammed Soudani Tina Boillat Bianca Conti Rossini F.-Christophe Marzal Jean-Marc Fröhle David Brolliet Nicolas Wadimoff Laurence Diot Bel Hubert Brigitte Romanens-Deville Fabrice Gorgerat Thierry Tordjman Sarah Turin-Studach Xavier Munger Elisabeth Gay Deborah Kunz Mathieu Devaud Suzana Arifi Vincent Esposito Thiébaud Pierre-André Didier Pellarin Vincent Adatte Francine Pickel Olivier Bloch Roland Ray Olivier Talpain Jean-Louis Porchet Emmanuelle de Riedmatten Yves Rosset Bernard Achour Frédéric Gonseth Eliane Gervasoni Alain Bottarelli Etienne Mirlesse Christoph Schaub Roman Graf Eric Constantin Fabian Tharin Andreas Hoessli Frédéric Mermoud Patricia Plattner Jacob Berger Bertrand Bitz Marcel Gisler Jean-Claude Schauenberg Freddy Buache Nicolas Bonstein Anne Bonvin Gianni Schneider Yves Yersin Fabienne Abramovich Walter Grässli Pierre-François Sauter Antoine Jaccoud Gilles Taurand Marie-France Udry Denise Carla Haas Eric Ecoeur Ribaux Sébastien Laurent ToplitschIna Tosca Laurent Burla Christoph Bollmann Vivienne Gerritsen Jean-Yves Gloor Samira Gloor-Fadel Jean-Yves Gloor Thomas Gloor Denis Rabaglia Julie Gilbert Frédéric Choffat Roman Guettinger Elisabeth Laufer Gasser Geneviève Morand Sylviane Roche Claudia Durgnat José Michel Buhler Mosca Luc Nadejda Magnenat Martine Durussel Simonida Kohler Yves Dana Claire Genoux Corinne Galland François Thuillard Jean-François Thomas Hervé Dumont Raphaël Michoud Vincent Zanetti Isabelle Wetzel Roberto Ingrosso Pierre-Yves Borgeaud Lionel Baud Frédéric Mermoud Gérard Perroulaz Claude Sassi Jonas Raeber Samir Britta Rindelaub Anne Frei Pauline Gygax Thomas Wüthrich Barbara Sibilla Emmanuelle Diebold Marie-France Udry Kamal Musale Frédéric Maire Christophe Philippe Golnaz Houchidar Leela Burger Julien Moeschler Martine Galland Stephan Kohler Jean-Stéphane Bron Dominique Tschanz Véronique Tschanz Gilles Bleiveis Andrée Leblanc José-Flore Tappy Rekha Musale Daniel Bleikolm Caroline Chervet Karine Vouillamoz Nicole Borgeat Marcel Challet Michel Deppierraz Julien Burri Rafal Romanowicz Anne Romanowicz Patricia Naegeli Luc Peter Isabelle Gattiker Michel Contat Florian Javet Thierry Luterbacher Stéphane Rentznik Anne Bussy Barbara Erni Pablo Carnicer Morales Sophie Iselin Claude Michlig Claude Durussel Virgile Rochat Mathieu Loewer Pervenche de Tribolet Claire Fehlmann Georgie Gaudier El-Baze Nicolas Geiser Alusia Slowinski Yves Mettler Laurent Gross Jérôme Porte Pierre Cauderay Nicole Morel Gianni Schneider Bruno Corthésy Yves Pouliquen Gérard Ruey Jolanda Herradi Pierre Desponds Joseph Rouschop Dan Wechsler Francine Lusser Leo Kaneman Lewis Hausler Sarcloret Serge Cantero Jeanine Baumann Micha Schiwow Kino REX Aloïs Godinat Anne-Sylvie Henchoz Philippe Decrauzat Francis Baudevin Christophe Philippe Serge Glur Florence Adam Hugues Houmard Jean-Marc Steiger Stéphane Lévy Michel Casang Marc Olivetta Thierry Mingot Fabienne Berger Pierre Agthe Caroline Bachmann           

  

Pétition pour Roman Polanski

dimanche 27 septembre 2009

 PÉTITION POUR ROMAN POLANSKINous avons appris avec stupéfaction l’arrestation par la police suisse de Roman Polanski à son arrivée samedi 26 septembre 2009 à Zürich (Suisse), alors que celui-ci se rendait à un Festival de cinéma qui devait lui décerner un prix pour l’ensemble de sa carrière.Cette arrestation fait suite à un mandat d’arrêt américain prononcé contre le cinéaste en 1978, dans une affaire de mœurs. Les cinéastes et auteurs français, européens, américains et du monde entier, tiennent à affirmer leur consternation. Il leur semble inadmissible qu’une manifestation culturelle internationale, rendant hommage à l’un des plus grands cinéastes contemporains, puisse être transformée en traquenard policier.Forts de leur extraterritorialité, les festivals de cinéma du monde entier ont toujours permis aux œuvres d’être montrées et de circuler et aux cinéastes de les présenter librement et en toute sécurité, même quand certains États voulaient s’y opposer. L’arrestation de Roman Polanski dans un pays neutre où il circulait et croyait pouvoir circuler librement jusqu’à ce jour, est une atteinte à cette tradition : elle ouvre la porte à des dérives dont nul aujourd’hui ne peut prévoir les effets.Roman Polanski est un citoyen français, un artiste de renommée internationale, désormais menacé d’être extradé. Cette extradition, si elle intervenait, serait lourde de conséquences et priverait le cinéaste de sa liberté. Les cinéastes, acteurs, producteurs et techniciens, tous ceux qui font le cinéma du monde, tiennent à lui manifester leur amitié et leur soutien.Le 16 septembre 2009, M. Charles Rivkin, Ambassadeur des Etats-Unis en France recevait artistes et intellectuels français à l’Ambassade américaine, où il présenta à ses hôtes la nouvelle Ministre Conseiller aux Affaires culturelles et à la Communication auprès de l’Ambassade, Madame Judith Baroody. Celle-ci, dans un français parfait, fit les louanges de l’amitié entre la France et les Etats-Unis et préconisa le développement des relations culturelles entre nos deux pays.

Ne serait-ce qu’au nom de cette amitié entre nos deux pays, nous exigeons la remise en liberté immédiate de Roman Polanski. 

Ce texte est à l’initiative de la SACD, du Festival de Cannes, de la Cinémathèque française, de l’ARP et de nombreuses personnalités du monde du cinéma. Il circule depuis ce dimanche après-midi, dans le but de recueillir le maximum de signatures de cinéastes, acteurs, producteurs, techniciens, cinéphiles, critiques et historiens du cinéma, venus du monde entier.

Ont déjà signé : L’ARP, la SACD, le Festival de Cannes, la Cinémathèque française, le Groupe 25 images, Costa-Gavras, Fanny Ardant, Alfonso Cuaron, Ettore Scola, Marco Bellocchio, Giuseppe Tornatore, Monica Bellucci, Asia Argento, Mario Martone, Abderrahmane Sissako, Tony Gatlif, Radu Mihaileanu, Christian Carion, Pierre Jolivet, Jean-Jacques Beineix, Jean-Paul Salomé, Michel Ferry, Claude Miller, Barbet Schroeder, Laurent Heynemann, Julian Schnabel, Alejandro Gonzalez Inarritu, Darren Aranofsky, Wong Kar-wai, Pedro Almodovar, John Landis, Michael Mann, Danis Tanovic, Paolo Sorrentino, Michele Placido, Françoise Brion, Alexander Payne, Robert Hossein, Fatih Akin, Pascal Thomas, Olivier Assayas, Alexandre Desplat, Bertrand Tavernier, Nadine Trintignant, Wim Wenders, Bertrand Van Effenterre, Walter Salles, Tom Tykwer, Harmony Korinne, David Heyman, Alain Corneau, Tilda Swinton, Cécile Telerman, Jeanne Moreau, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Luc Barnier, Liria Begeja, Alain Terzian… 

Voir la liste à jour des signataires de cette pétition sur le site : www.sacd.fr

Ceux qui souhaitent signer cette pétition peuvent le faire en se rendant à l’adresse suivante : freeromanpolanski@sacd.fr

 

Roman Polanski arrêté : scandaleux !

dimanche 27 septembre 2009

L’arrestation hier de Roman Polanski, alors qu’il se rendait à un Festival de cinéma à Zürich où il devait recevoir ce dimanche un prix pour l’ensemble de sa carrière, est littéralement scandaleuse. Cette arrestation par la police suisse fait suite à un mandat d’arrêt américain datant de 1978, dans le cadre d’une affaire de mœurs.

Ce qui est choquant, c’est que la police suisse exécute ce genre de basse besogne. Comme tout le monde, je pensais que la Suisse était un pays neutre. Cela ne semble plus être le cas. Ce qui me scandalise davantage encore, c’est l’arrestation d’un cinéaste, d’un artiste, se rendant à un festival, c’est-à-dire à une manifestation culturelle. Si la Suisse n’est plus un pays neutre, le cinéma, lui, a toujours été un pays libre, où les hommes et les femmes, les artistes de tous les pays ont l’habitude de circuler librement. Si ce n’est plus le cas, c’est à désespérer du cinéma. Cette arrestation de Roman Polanski est une défaite de la liberté. En ce sens, elle est tout à fait scandaleuse. Il faut se mobiliser et exiger la libération immédiate du cinéaste désormais menacé d’extradition, ce qui serait lourd de conséquence pour lui.

 

Belmondo

jeudi 24 septembre 2009

Belle soirée mercredi à la Cinémathèque avec l’ouverture du cycle consacré aux acteurs de la Nouvelle Vague. Pierrot le fou restauré dans ses couleurs d’origine. Le film fut tourné en 1965 en Techniscope, sur émulsion Eastmancolor. Le Techniscope était fréquemment utilisé à l’époque, notamment par souci d’économie de pellicule car l’image n’occupait que deux perforations par photogramme. Je ne vais pas m’embrouiller dans des considérations techniques, sauf pour dire que la restauration entreprise par StudioCanal (Béatrice Valbin-Constant) et la Cinémathèque française (Camille Blot-Wellens), avec l’aide de Fonds culturel franco-américain, a résidé dans l’établissement d’un nouveau négatif issu du négatif de tournage, après un traitement numérique de l’image. Ce qui a permis de retrouver les splendides couleurs de l’élément original, à savoir le négatif de tournage en Techniscope. Restauration numérique avec retour sur pellicule argentique, si bien que le film est disponible dans ces deux supports, film et élément numérique, ce qui est un exigence vitale et essentielle pour la Cinémathèque (condition pour pouvoir projeter des films en 35mm).

Raoul Coutard, le directeur de la photographie de Godard (il a aussi travaillé avec Truffaut) était présent dans la salle, tout comme Jean-Pierre Léaud qui apparaît dans un plan du film (lorsque Pierrot, alias Ferdinand, se rend dans une salle de cinéma à Toulon). Léaud était assistant de Godard sur le tournage de Pierrot le fou, job de vacances qui l’occupait entre deux films (il tournera dans Masculin Féminin l’année suivante). Et Jean-Paul Belmondo, comme il nous l’avait promis. L’acteur fut accueilli avec des applaudissements chaleureux. Anna Karina, qui s’est blessée à la cheville il y a une semaine en tombant dans les escaliers, m’avait dit au téléphone combien elle regrettait de ne pouvoir assister à cette soirée. J’ai transmis à la salle son message, et nous prendrons régulièrement de ses nouvelles.

La Nouvelle Vague par ses acteurs : telle est notre entrée, notre approche, pour redécouvrir ce moment très particulier du cinéma français. Chaque metteur en scène de la Nouvelle Vague « invente » ses acteurs, et surtout ses actrices. Malle avait commencé avec Ascenseur pour l’échafaud avec Jeanne Moreau, déjà vedette de cinéma. Malle et Decae, son chef opérateur, s’emploient à filmer l’actrice autrement, avec un minimum de lumière et en jouant sur l’éclairage artificiel, celui des néons des vitrines des Champs-Élysées dans la célèbre séquence accompagnée musicalement par Miles Davis. Godard et Karina, combien de films ensemble ? Je compte de mémoire : Le Petit soldat, Une femme est une femme (premier film en couleur de JLG, avec Belmondo et Karina + Brialy), Vivre sa vie, Bande à part, Alphaville, Pierrot le fou, et Made in USA. À ce compte-là on peut dire qu’une actrice inspire son metteur en scène. C’est visible à l’œil nu dans Pierrot le fou où Karina chante et danse, fait la moue, regarde le spectateur dans les yeux. Le charme et la beauté à l’état pur. Et Belmondo, d’où vient-il ? Godard, raconte la légende, le croise devant le drugstore Saint-Germain (aujourd’hui boutique Armani), et l’engage pour un court métrage (Charlotte et son jules). Godard le double lors de la post-synchronisation, quand Belmondo effectue son service militaire.Le cinéaste lui promet des retrouvailles. Mais c’est Chabrol qui, le premier, confiera à Belmondo un vrai rôle dans un long-métrage : À double tour. On connaît la suite : À bout de souffle… Costa-Gavras l’a dit hier en présentant Belmondo au public : personne ne jouait comme lui à cette époque. Mauvais élève au conservatoire, Belmondo invente un style de jeu inouï, d’une liberté totale, en jouant avec son corps, faisant la moue, plissant les yeux, la voix légèrement nasillarde. Nouvelle Vague par le style et la légèreté du ton et de l’écriture cinématographique. Mais Nouvelle Vague aussi par le charme de ses acteurs. Et de ses actrices. Demy fait tourner Anouk Aimée dans Lola. Sans doute l’a-t-il repérée chez Franju (La Tête contre les murs), ou chez Becker (Montparnasse 19). Dans La Tête contre les murs, elle a Jean-Pierre Mocky comme partenaire, qui la dirigera l’année suivante dans Les Dragueurs. Chabrol tourne ses premiers films avec Brialy, Blain, Bernadette Lafont. Mais c’est Truffaut qui le premier proposera à la jeune nîmoise de faire de la comédie : Les Mistons en 1957. Pour Chabrol, ce sera ensuite sa décennie avec Stéphane Audran, géniale dans Les Bonnes femmes, Les Biches, Le Boucher, Juste avant la nuit, La Femme infidèle, Les Noces rouges. Entre acteurs et metteurs en scène de la NV, il y eut des croisements, des transferts (comme au foot, mais avec infiniment plus de grâce), des petites trahisons et des grandes ruptures. Kast et Doniol-Valcroze font tourner tour à tour ou en même temps Françoise Brion et Alexandra Stewart – lequel est amoureux de l’une, lequel de l’autre ? C’est un manège incessant, qui va à un rythme fou (les films se comptent par dizaines), et ça joue vite et bien. Les films se font avec amour, c’est cela qui compte. Le cinéma se fait en sautillant sur une jambe, ce qui agacera les professionnels de la professions.

En revoyant pour la nième fois Pierrot le fou, je suis épaté par le jeu physique de Jean-Paul Belmondo et Anna Karina. Godard les fait sauter, danser, se déguiser et prendre des risques comme dans des jeux d’enfants. Quand ils s’embrassent, c’est comme des enfants, avec tact et pudeur. Et dieu sait si le couple est beau à l’écran ! Ils ont vingt ans à peine et leur jeunesse crève la toile. Et puis, je n’avais pas remarqué à quel point Belmondo, comme ce sera le cas trois ans plus tard dans La Sirène du Mississippi de Truffaut, incarne un homme faible ou fragile qui, par amour et goût de l’aventure, se laisse mener par le bout du nez par la belle Marianne. Cette Marianne de Renoir est duelle, elle a déjà au début du film une idée du déroulement final, tragique, vers quoi les mène cette histoire de trafic d’armes au bord de la Méditerranée. Si bien que Pierrot, durant tout le film, est un personnage innocent et candide, toujours avec un petit temps de retard sur elle, un rôle dans lequel Belmondo, qu’on croyait être un balaise du cinéma, excelle. Il joue avec d’infinies nuances, une sensibilité incroyable, à fleur de peau, cet homme qui ne sait pas s’il s’appelle Pierrot ou Ferdinand.

À la fin de la projection hier, toute la salle s’est levée et a ovationné l’acteur pendant dix bonnes minutes. Il souriait, l’air heureux, ému de cet accueil si chaleureux. La Cinémathèque était aux anges.

Quelques informations.

Pierrot le fou, copie neuve, sort le 30 septembre à la Filmothèque du Quartier latin (9, rue Champollion). Distribué par Ciné Classic, qui programmera ensuite le film dans des salles de province.

StudioCanal édite deux coffrets DVD à l’occasion des 50 ans de la Nouvelle Vague (en partenariat avec la Cinémathèque française). Le premier contient 6 films : À bout de souffle, Le Mépris et Pierrot le fou (restauré), Les Bonnes femmes (Chabrol), L’Année dernière à Marienbad (Resnais) et Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (Rivette).

Le deuxième coffret est consacré à Belmondo avec 5 films : À bout de souffle et Pierrot le fou, Moderato Cantabile (Peter Brook), Léon Morin prêtre et Le Doulos (Melville). En vente à partir du 13 octobre, mais déjà disponibles à la librairie de la Cinémathèque française.

Informations concernant la programmation « Acteurs de la Nouvelle Vague » qui se tient jusqu’au 18 octobre.

Ce jeudi 24 septembre, Bernadette Lafont présentera Le Beau Serge de Claude Chabrol.

Samedi 26 septembre à 19h, Jean-Pierre Léaud viendra présenter Les Quatre Cents Coups de François Truffaut.

Dimanche 27 à 19h30, Nicole D-V Berckmans présentera son documentaire, Jacques Doniol-Valcroze, les cahiers d’un cinéaste (à voir !). En compagnie d’Alexandra Stewart et Françoise Brion, qui présenteront Le Bel âge de Pierre Kast à 17h.

Macha Méril viendra présenter Une femme mariée de Godard, jeudi 1er octobre à 19h.

Anouk Aimée présentera Lola de Jacques Demy, dimanche 11 octobre à 19h.

Journées du Patrimoine

dimanche 20 septembre 2009

Devant l’Opéra Bastille, il y avait foule hier soir, en cette fin de Techo Parade, avec des odeurs de gaz lacrymogènes. Le contraste était fort, tandis qu’à l’intérieur était projeté en événement exceptionnel le film d’André Antoine, L’Arlésienne (1922), avec un accompagnement au piano de Mathieu Regnault. Soirée organisée par l’Opéra de Paris, avec la collaboration de Gaumont-Pathé Archives et de la Cinémathèque française, qui avait restauré le film en 1990 (la copie était superbe !). 

Cette séance était programmée au moment même où se donne, pour dix représentations, Mireille de Charles Gounod, d’après le livret de Frédéric Mistral, dans une mise en scène de Nicolas Joel. L’Arlésienne est le dernier film réalisé par Antoine, tiré d’un texte qui fut porté à la scène en 1872 par Alphonse Daudet lui-même. Le film fut tourné en décors naturels, Arles, la Provence, les plages de Camargue, ce qui lui donne l’allure magnifique d’un drame réaliste et incantatoire, voire d’un western provençal. C’est l’histoire d’un jeune homme, Frédéri (interprété par Gabriel de Gravone), qui littéralement se meurt d’amour, une fois qu’un rival lui a appris que sa belle Arlésienne avait un amant. Courtisé par Vivette (Maggy Deliac), il ne peut se résoudre à vivre loin de celle qu’il aime. Sa mère, Rose Mamaï (interprété par Lucienne Bréval, célèbre cantatrice), fait tout pour le protéger et éviter le pire. Mais le pire arrive… L’accompagnement musical assuré hier soir par Mathieu Regnault était splendide, largement improvisé, tout en nuance.

Aujourd’hui dimanche, la Cinémathèque programme deux films restaurés, projetés cet après-midi, dans le cadre des Journées du Patrimoine.

A 14h30 : Gribiche de Jacques Feyder, accompagné par Marc Peronne. A 17h : Lola Montès de Max Ophuls, dans sa belle version restaurée l’an dernier par la Cinémathèque française, la Fondation Thomson, les Films du Jeudi (avec le soutien du Fonds Culturel Franco Américain, de L’Oréal et agnès b.).

Enfin, à 19h30, une séance composée de films du grand documentariste anglais Humphrey Jennings, présentés par  Elena Von Kassel-Sambiani qui vient de faire paraître un ouvrage sur Jennings, Le poète du cinéma britannique (aux éditions L’Harmattan).

À 21h, la Cinémathèque reprend sa programmation « normale » avec Les Douze salopards de Robert Aldrich.

La Cinémathèque participe à ces Journées du Patrimoine en ouvrant grand ses portes, pour ainsi faire découvrir à un public qui ne fréquente pas de manière régulière ce lieu, ce que sont ses activités, ses missions, ses métiers, son musée, ou son bâtiment. Il y aura du monde pour découvrir la bibliothèque du film, où l’on a accès à des revues, des ouvrages, mais aussi à des fonds d’archives importants de l’histoire du cinéma. Les films programmés aujourd’hui seront présentés sous l’angle de leur restauration, processus nécessaire et parfois très complexe permettant de redonner vie, intensité et couleurs à des films anciens. L’accès est libre (dans la mesure des places disponibles). 

Pierre Guffroy, décorateur et poète

vendredi 11 septembre 2009

La Cinémathèque rendait hier un hommage à Pierre Guffroy, célèbre décorateur de films, en présence de nombreux amis venus assister à la projection d’un documentaire réalisé par Lucie Gay, Libres propos d’un rêveur du cinéma. Dans ce film, Pierre Guffroy évoque avec un peu de nostalgie le Paris de son enfance et fait preuve d’une liberté d’esprit et d’un humour d’une grande finesse. L’homme a maintenant sa carrière derrière lui, incroyablement féconde, riche en films et en rencontres. Interviewé par Lucie Gay, il parle de Jean Cocteau qui le premier lui confia la responsabilité de chef décorateur lors du tournage en 1959 du Testament d’Orphée. « On ne pouvait pas être mauvais avec Cocteau, dit à peu près Pierre Guffroy, car cet homme vous aidait à donner le meilleur de vous-même ». Il dit la même chose à propos de Robert Bresson, avec qui il collabora sur deux films : Mouchette et L’Argent.

La filmographie de Pierre Guffroy est éloquente. On constate qu’il a accompagné le cinéma depuis un demi-siècle aux côtés de réalisateurs parmi les plus talentueux et les plus audacieux. Outre Cocteau et Bresson, citons François Truffaut (La Mariée était en noir), Claude Sautet (Max et les ferrailleurs, César et Rosalie, Mado), Luis Buñuel, dont les quatre derniers films, quatre chefs-d’œuvre produits (par Serge Silberman), furent « décorés » par Pierre Guffroy : La Voie lactée, Le Charme discret de la Bourgeoisie, Le Fantôme de la Liberté, Cet Obscur objet du désir.

Comment ne pas citer Roman Polanski, dont Pierre Guffroy suivit les aventures artistiques les plus folles : Le Locataire où le décor tient une place prépondérante, sorte de personnage secret, inquiétant et muet occupant tout l’espace ; Tess, énorme production pour l’époque (1976) entreprise par Claude Berri, où il fallait reconstruire en Bretagne ou dans le Cotentin des décors renvoyant à ce qu’était au XIXe siècle le Dorset anglais ; Frantic, où Paris était vu à travers le regard très particulier d’un Américain, Harisson Ford ; Pirates, tourné en Tunisie avec ce galion impressionnant, star du film qui devint un véritable objet de curiosité pour le grand public ; ou encore La Jeune Fille et la Mort. D’autres cinéastes comme Pierre Granier-Deferre (Un amour de guerre, Le Grand Dadais, La Race des Seigneurs), Marcel Camus (Orfeu Negro, Le Mur de l’Atlantique), René Clément (Le Passager de la pluie, La Course du lièvre à travers champs), Jacques Doniol-Valcroze (La Dénonciation), Ettore Scola (La Nuit de Varennes), Bertrand Tavernier (Que la fête commence), Claude Pinoteau (La Gifle), Claude Berri (Je vous aime), Costa-Gavras (Hanna K.), Nagisa Oshima et son étrange film surréaliste Max mon amour, lui aussi produit par Serge Silberman ; Milos Forman (Valmont), Philip Kaufman (L’Insoutenable légèreté de l’Être), Henri Verneuil (Mayrig, 588 rue Paradis) ont fait appel au talent de Pierre Guffroy.

Celui-ci commença sa carrière à la fin des années 50 au moment où le tournage en studio était contesté, remis en cause par une Nouvelle Vague qui prônait le décor naturel. La plupart des jeunes cinéastes qui entreprennent leur premier film à cette époque le font avec très peu d’argent. Tourner en studio leur paraît être un luxe impliquant des contraintes, des pesanteurs ou des règles trop strictes. Jean-Pierre Berthomé, qui connaît parfaitement l’histoire des studios et des décorateurs de cinéma, avance ce chiffre impressionnant : en 1958 le budget alloué à la location d’un studio pesait 18,72% dans le coût moyen d’un film. La France comptait alors 46 plateaux pour une surface totale de 22.529 m2 (j’ai trouvé ces données dans son ouvrage Le décor de cinéma, publié aux Cahiers du cinéma en 2003). Le cinéma prôné par la Nouvelle Vague se fait plus léger, plus vif, plus rapide : nouvelles caméras, pellicules plus sensibles, le son direct est pour bientôt. Cela n’empêche pas une nouvelle génération de décorateurs de faire son apparition. Pierre Guffroy en fait partie, et ses collègues sont Jacques Saulnier (fidèle collaborateur d’Alain Resnais), Bernard Evein (qui travailla régulièrement avec Jacques Demy), François De Lamothe et d’autres. Comme eux, Pierre Guffroy a fait l’IDHEC (de 1951 à 1953), après des études à l’Ecole des beaux-arts de Paris puis aux Arts Déco. Comme il était d’usage dans le cinéma, il a appris son métier en étant l’assistant de décorateurs chevronnés comme Pierre Charbonnier (qui fut le décorateur de films aussi importants que Pickpocket et Procès de Jeanne d’Arc de Bresson), Willy Holt (Paris brûle-t-il ? de René Clément), Jean Madaroux (Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle) et Rino Mondellini (Les Aventures d’Arsène Lupin de Jacques Becker), ou encore Max Douy. Guffroy a été formé à bonne école auprès de véritables auteurs du cinéma qui savaient s’entourer des meilleurs artisans. Dans cette période féconde mais tumultueuse du début des années 60, il a su trouver une voie originale en faisant preuve de talent et d’imagination visuelle aux côtés des cinéastes très divers. « C’est vrai qu’il y a un certain cinéma, disons commercial pour simplifier, que je n’ai jamais fait, car je n’y suis pas à l’aise. C’est vrai que je suis difficile et je ne travaille qu’avec des gens qui m’intéressent. Pour moi les rapports avec le réalisateur sont primordiaux. Il faut que j’aie du respect et des affinités avec lui. Il faut même que je me sente concerné par le sujet », disait-il à Marie-Claude Arbaudie qui l’interrogeait pour Le Film français (n°1851, 27 mars 1981). Tess a marqué le retour à des films ambitieux, d’envergure, où le décor redevient un élément essentiel de la scénographie et la mise en scène. Pierre Guffroy fut récompensé en recevant par trois fois un César du meilleur décor pour Que la fête commence en 1976, Pirates en 1987, Valmont en 1990. Et, récompense suprême, l’Oscar en 1981 pour Tess.

Qu’est-ce qu’une belle carrière au cinéma sinon celle où se manifeste une fidélité à des cinéastes, et où chacun peut s’épanouir sur un plan artistique ? Le mot artisan convient parfaitement à Pierre Guffroy, pris dans son sens le plus noble : inventer, concevoir, fabriquer, se mettre au service de la création. « J’aime les extérieurs, j’aime repérer, à tel point que lorsque je n’ai rien à faire, je pars faire des photos, voir des lieux, pousser des portes cochères… Mais finalement, il est rare que ce qu’on trouve corresponde exactement à ce que l’on cherche. Un décor naturel est vite épuisé, même s’il a le mérite de dégager une atmosphère. Tandis que lorsque vous faites le décor, vous en êtes totalement responsable, vous pouvez l’enrichir à votre gré. » (Le Film français, idem). Pierre Guffroy a fait preuve à l’égard de la Cinémathèque d’une grande générosité en nous confiant de nombreuses archives et documents précieux : plans, croquis, dessins, esquisses, documentation photographique, notes, feuilles de service, plannings, synopsis, repérages, et aussi des maquettes en 3D gardées précieusement par nos équipes toutes dévouées à la conservation et au traitement documentaire de nos collections. Nous veillerons dessus comme sur la prunelle de nos yeux. Ainsi sera sauvegardée la mémoire d’un artisan talentueux du cinéma, par ailleurs homme attachant et généreux.

Présentation de Saison 2009-2010

mardi 1 septembre 2009

serge1.jpg

C’est non seulement la rentrée de la Cinémathèque (réouverture avec la rétrospective Robert Aldrich), mais aussi le début de notre cinquième Saison rue de Bercy, depuis l’installation dans le bâtiment construit par Frank Gehry.

Depuis cette date, 1,5 million spectateurs/visiteurs ont fréquenté ou visité la Cinémathèque. Le chiffre est éloquent.

Ce matin, Costa-Gavras et moi avons présenté la Saison 2009-2010. Elle sera incroyablement dense, c’est le moins qu’on puisse dire. Pleine, variée, intense. L’exercice était intéressant de présenter, en une quarantaine de minutes, toute la Saison culturelle à venir. Accueil sympathique et chaleureux.

D’autant que juste après, Laurent Mannoni avait mis au point la projection, durant dix minutes, de plaques de lanterne magique grâce à une lanterne triple Riley (Bradford 1888), acquise par la Cinémathèque grâce au soutien de la Fondation EDF. Manière de mettre en appétit nos invités, avant la prochaine exposition de la Cinémathèque.

Le soleil n’était pas au rendez-vous de cette rencontre, qui devait s’achever par un pique-nique offert par le « 51 », le restaurant de la Cinémathèque. Nous dûmes nous rabattre à l’intérieur, mais l’ambiance y était.

Après l’exposition Jacques Tati, notre prochaine expo, qui sera inaugurée au public le 15 octobre, sera consacrée au thème : « Lanterne magique et Film peint – 400 ans de cinéma ».

C’est un projet original conçu à partir des magnifiques collections de plaques de lanterne magique que possède la Cinémathèque, une des plus belles au monde (18.000 plaques), couvrant une très large période historique, à partir du milieu du XVIIe siècle.

Nous avons uni nos efforts avec le Musée national de Turin, qui possède également une très belle collection de plaques de lanterne magique. Cette exposition sera donc coproduite par nos deux institutions. Les commissaires sont Laurent Mannoni, de la Cinémathèque, et Donata Pesenti Campagnoni, du Museo nazionale del Cinema de Turin. Je remercie sincèrement Alberto Barbera, son directeur, d’avoir accepté ce partenariat. Nous travaillons dans une totale complicité sur ce projet depuis plusieurs mois. La scénographie a été confiée à Massimo Quendolo, qui avait conçu la mise en scène du musée de la Cinémathèque installé au deuxième étage de notre bâtiment. C’est aussi lui qui avait fait la scénographie de notre exposition consacrée à Sacha Guitry durant l’automne 2007. Nous avons confiance dans son talent.

Cette exposition sera accompagnée de diverses programmations : les films de Norman McLaren, des films d’avant-garde peints sur pellicule, des séances spéciales avec projection de lanterne magique ; des conférences, des parcours destinés aux groupes scolaires, des visites guidées originales, des ateliers d’initiation + un spectacle conçu pour le jeune public : « Phildor et les Lanternes magiques ».Un développement en ligne un zoom sur le théâtre optique d’Émile Reynaud. J’ajoute que la Cinémathèque a numérisé ses collections de lanterne magique, consultables sur le site www.laternamagica.fr

Enfin, un catalogue de l’exposition coédité par la les éditions de La Martinière et la Cinémathèque française : textes des deux commissaires, préface de Francis Ford Coppola, introduction de David Robinson, historien du cinéma et fin connaisseur.

Cette exposition bénéficie du mécénat de Neuflize OBC et de EDF. Elle sera ouverte au public le 15 octobre, et s’installera jusqu’au 28 mars 2010.

Notre deuxième exposition (10 mars -1er août 2010) revêtira également un caractère patrimonial. A partir de nos collections de photographies de tournage, véritables trésors, et celles provenant d’une collection privée, celle d’Isabelle Champion, la Cinémathèque exposera plusieurs dizaines de photos de tournage très anciennes et rares.

Cette expo s’intitulera : Berlin – Paris – Hollywood – 1910-1939, Photos de tournages.

On y verra le cinéma au travail, avec ses plateaux, ses artisans, ses grands maîtres et ses stars. Des photos de films réalisés par Abel Gance, Fritz Lang, Ernst Lubitsch, Erich Von Stroheim, René Clair, Jean Renoir, David W. Griffith, Cecil B. DeMille, Josef Von Sternberg, etc.

Ces très belles photos ont aussi une valeur documentaire : on y découvre l’univers artisanal des studios, dans les années 10 à 30, à l’époque du muet et jusqu’à l’avènement du parlant. Berlin – Paris – Hollywood, parce que cette trajectoire a fortement influencé le cinéma mondial du fait de l’émigration de cinéastes, d’artistes, de techniciens et de stars qui, après avoir travaillé dans les studios de la UFA, transitèrent par Paris avant de rejoindre Hollywood.

Cette exposition sera installée au 7è étage du bâtiment, là où fut installée pendant plus d’un an notre exposition consacrée à Georges Méliès.

En parallèle, une programmation diverse et stimulante. Plusieurs films choisis en référence aux photos exposées. Et deux cycles importants :

– l’un consacré à Robert Siodmak (1900-1973), exemple de cinéaste ayant commencé sa carrière à Berlin, puis quitté l’Allemagne en 1933 et, après un passage par Paris où il réalise plusieurs films avec Charles Boyer, Harry Baur, Albert Préjean, Danielle Darrieux ou encore Maurice Chevalier (citons Tumultes en 1932, Le Sexe faible en 1933, La crise est finie en 1934, Mollenard en 1938, Pièges en 1939), rejoignit Hollywood où il mena une brillante carrière ;

– l’autre à Julien Duvivier (1896-1967), un cinéaste classique à redécouvrir, dont l’œuvre commence avec le muet et s’étale jusqu’au milieu des années soixante. Citons quelques titres : Poil de carotte, Au bonheur des Dames, La Tête d’un homme, La Bandera, Pépé le Moko, La Belle équipe, Un carnet de bal, Panique… Rappelons que Duvivier pendant la guerre s’embarqua pour Hollywood où il réalisa des films, avant de revenir en France en 1945.

– enfin, hommage à une célèbre actrice, Pola Negri, d’origine polonaise, qui fit carrière en Allemagne, puis aux USA, entre 1914 et 1938 – elle a été la star des premiers films de Lubitsch, et fut une Emma Bovary en 1937 dans le film de Gerhard Lamprecht.

Cette exposition sera accompagnée d’un catalogue très illustré, d’une journée d’études et d’un cycle de conférences.

Là encore, la Cinémathèque déploie ses activités de manière transversale, pour accompagner une exposition, valoriser ses collections, et apporter un regard contemporain pour donner du sens et de la profondeur, transmettre des connaissances.

serge2.jpg

J’en viens à la programmation de cycles, hommages, rétrospectives. Comment s’établit une programmation ? C’est un mélange, une alchimie où se mêlent des idées, le sens du plaisir, des intuitions, l’envie de redécouvrir des œuvres et, à tous les coups, le goût de suivre une œuvre de A à Z par le biais d’intégrales. S’il y a une spécificité de la programmation à la Cinémathèque, c’est bien celle qui consiste à accompagner un auteur depuis ses débuts, en suivant tout le chemin de sa carrière.

Nous avons rouvert il y a une semaine avec Robert Aldrich, un cinéaste américain qui a secoué Hollywood à partir des années 50. Cette rétrospective avait déjà était faite à Chaillot il y a une quinzaine d’années. Mais le public change, évolue, de nouvelles générations de spectateurs arrivent. Le temps était venu de revoir tout Aldrich.

Jusqu’au 5 octobre 2009.

Simultanément, quelques films d’Aldrich sortent dans des salles Art et Essai, dites de répertoire : 12 Salopards (depuis le 19 août, sorti par Swashbuckler Films), Pas d’orchidées pour Miss Blandish (Les Acacias) et Kiss me Deadly (En quatrième vitesse, Action/Théâtre du Temple) sont sortis le 26 août, et Le Démon des femmes sortira le 7 octobre (Action/Théâtre du Temple). Ainsi, nous travaillons main dans la main avec les distributeurs et exploitants indépendants pour aider à la redécouverte du grand cinéma.

La rétrospective Aldrich est proposée en partenariat avec le Festival de Deauville (qui présentera plusieurs films du réalisateur, à partir du 4 septembre).

La Nouvelle Vague a 50 ans. Nous avons choisi de revoir les films de la Nouvelle Vague en s’intéressant aux acteurs. Belmondo, Brialy, Léaud, Anna Karina, Jeanne Moreau, Alexandra Stewart, Stéphane Audran, Françoise Brion, Macha Méril, Laszlo Szabo, Michel Subor, Jean-Pierre Cassel, autant d’acteurs qui ont été choisis, mais qui ont eux aussi « choisi » leurs cinéastes ou leurs auteurs. Avec des croisements singuliers, comme dans un jeu des 7 familles.

Avec une soirée en hommage à Jacques Doniol-Valcroze, disparu il y a 20 ans (le 27 septembre à 19h30). Nous projetterons le remarquable portrait document réalisé par sa femme, Nicole Berckmans-DV : JDV, les cahiers d’un cinéaste.

Cette programmation « Nouvelle Vague : une génération d’acteurs » commencera le 23 septembre par la projection de Pierrot le fou, restauré en 2009 par StudioCanal et la Cinémathèque française, avec le soutien du Fonds Culturel Franco – Américain.

Du 23 septembre au 18 octobre 2009.

Parallèlement, un week-end « Cinéma et Littérature » du 2 au 4 octobre. Le thème : « La Nouvelle Vague à l’épreuve des mots ». Louis Malle et François Truffaut seront au cœur de cet événement, d’autant que leurs archives sont conservées par la Cinémathèque française.

– Vendredi 2 octobre : projection du Feu follet, suivi d’une rencontre avec Volker Schlöndorff, Philippe Collin et Alexandra Stewart : « Louis Malle, bande à part ». Ce même jour, V. Schlöndorff signera son livre de mémoires à paraître chez Flammarion. Et présentera en avant-première un film inédit qu’il a réalisé en 2004 : Le Neuvième jour.

– Samedi 3 octobre : Journée d’études sur le lien entre Henri-Pierre Roché et François Truffaut. Avec plusieurs intervenants, une lecture de textes du cinéaste : « François Truffaut, l’homme qui aimait les livres ».

– Enfin, dimanche 4 octobre nous aurons le plaisir d’accueillir Anne Wiazemsky, qui publie un nouveau roman en cette rentrée : Mon enfant de Berlin (Gallimard). J’aurais le plaisir de dialoguer avec elle, juste après la projection de La Chinoise, le film de Godard tourné en 1967 dans lequel elle joue. Nous évoquerons son parcours, celui d’une actrice devenue romancière.

Rétrospective Michael Haneke : nous avons eu l’idée et l’envie de revoir tous ses films, depuis son premier long métrage de cinéma, Le Septième continent, jusqu’au dernier, Le Ruban blanc (Palme d’or au Festival de Cannes en 2009). Et puis l’envie de découvrir ses films de télévision, la plupart inédits, réalisés dans les années 80. Michael Haneke sera présent à la Cinémathèque le 19 octobre pour une leçon de cinéma, juste avant l’avant-première du Ruban blanc.

Merci aux Films du Losange (Margaret Menegoz et Régine Vial)

Du 19 octobre au 22 novembre 2009.

Tutto Fellini ! Tout un événement auquel nous travaillons en étroite collaboration avec la Galerie du jeu de paume (et sa directrice Marta Gili), et l’Istituto Italiano di Cultura (et sa directrice Rossana Rummo).

Une exposition est organisée au Jeu de paume à partir du 20 octobre 2009 (jusqu’au 17 janvier 2010). Le commissaire : Sam Stourdzé. Le titre : « Fellini, la Grande Parade ».

Sam Stourdzé est celui qui avait conçu l’exposition consacrée à Chaplin, il y a quelques années (déjà au Jeu de paume). Il a beaucoup travaillé en Italie pour rassembler archives et documents, souvent rares ou inédits, concernant Fellini. Nous avons eu envie d’accompagner cette exposition en organisant une rétrospective intégrale de l’œuvre du maestro italien.

Cela inclue son travail de scénariste, qui l’a occupé durant une dizaine d’années tout au long des années 40 et jusqu’au début des années 50. Avec Rossellini, entre autres (Rome ville ouverte, Paisa ou encore Europe 51).

Mais d’abord et avant tout : le plaisir de revoir tous les films de Fellini sur cet écran de la Cinémathèque. Du premier : Les feux du music-hall, coréalisé avec Lattuada, jusqu’au dernier La voce della luna.

Nous commencerons le 21 octobre par la projection d’une restauration numérique de La dolce vita, l’un de ses chefs-d’œuvre, restauré par Pathé. Soirée en partenariat avec la Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, présidée par Sophie Seydoux. Juste avant, nous aurons le plaisir d’accueillir trois actrices qui ont travaillé avec Fellini : Claudia Cardinale, Anouk Aimée et Magali Noël, ainsi que Vittorio Boarini, directeur de la Fondation Fellini à Rimini. Dans une table ronde ayant pour thème : « Je me souviens de… Federico Fellini ».

Tout au long de cette rétrospective, qui s’installe jusqu’au 20 décembre : des rencontres, des conférences, ici même, et au Jeu de paume. Sam Stourdzé, Sergio Toffetti et moi-même, pour trois conférences à la Cinémathèque. Dominique Delouche, cinéaste, qui fut assistant de Fellini (sur Il Bidone, Les Nuits de Cabiria et La dolce vita) et Hélène Delprat, Alain Fleischer (directeur du Fresnoy, artiste et écrivain, et Bruno Racine (le président de la BnF), pour trois conférences au Jeu de paume.

L’institut culturel italien ne sera pas en reste avec plusieurs événements autour de Fellini : rencontre, théâtre, leçon concert de Nicola Piovani.

Enfin, des ouvrages sur Fellini, dont celui publié par les éditions Anabet : Fellini la Grande Parade.

Le DVD de l’exposition, supervisé par Sam Stourdzé, sera édité par Carlotta avec des documents, un film inédit : Bloc note d’un cinéaste, des entretiens rares avec Fellini. Et l’édition de quelques films de Fellini en DVD, toujours chez Carlotta : Casanova de Fellini, Boccace 70, Juliette des esprits, Il Bidone.

Quant à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, elle fera paraître un bel ouvrage à partir de documents rares liés au tournage de La dolce vita, l’ouvrage incluant le DVD du film restauré.

J’insiste sur le partenariat développé entre nos trois institutions pour mettre en œuvre et déployer cet événement dans sa transversalité, et servir du mieux possible une des œuvres artistiques parmi les plus importantes du XXe siècle. Merci à nos amis italiens de Cinecittá Holding, il Centro sperimentale et la Cineteca Nazionale, qui nous ont aidé à mettre sur pied cette rétrospective Fellini.

J’évoque rapidement nos programmations qui iront jusqu’au mois de juillet 2010.

– À l’occasion du 40è anniversaire des Archives Françaises du Film : une programmation de films restaurés, avec quelques raretés (par exemple, The Deciding Kiss de Tod Browning, 1918, que l’on croyait disparu), Le Joli Mai de Chris Marker, Les Rendez-vous de Juillet de Jacques Becker, Le Voyage d’Amélie de Daniel Duval, etc.

Du 7 au 25 octobre 2009.

– Un hommage à Georges Rouquier, dont c’est le centenaire (1909-1998). Ses films les plus connus : Farrebique et Biquefarre. Et plusieurs autres films, documentaires, films de fiction, des films dans lesquels Rouquier fut acteur (dont Z de Costa-Gavras).

Du 18 au 30 novembre 2009.

Laurel et Hardy : est-il nécessaire de les présenter, sinon pour dire qu’ils forment le duo le plus extravagant et le plus jouissif du cinéma burlesque.

Du 9 décembre 2009 au 3 janvier 2010.

Le Cinéma en 3D revient en force à Hollywood, on l’a vu avec quelques films récents, comme Là-Haut, du Studio Pixar. Le 3D a déjà une assez longue histoire, avec l’expérimentation de divers procédés de cinéma en relief. Il s’est développé au début des années 50 pour contrer la télévision qui concurrençait sérieusement les films des Studios. La Cinémathèque va équiper la salle Langlois pendant trois semaines, pour y projeter plusieurs films en 3D (du 14 décembre au 3 janvier) : L’Etrange créature du Lac Noir (Jack Arnold), Meurtres à la Saint Valentin (George Mihalka), L’Homme au masque de cire (André de Toth), Le Crime était presque parfait (Hitchcock), et d’autres films.

Du 14 décembre 2009 au 3 janvier 2010.

Pour accompagner cette programmation originale, une « Journée d’études sur le cinéma en 3D » avec des interventions de spécialistes et d’historiens.

Gordon Douglas (1907-1993) : un des bons réalisateurs de films noirs américains, auteur prolifique. Il a commencé au début des années 30 et réalise son dernier film en 1977. On connaît quelques titres, par exemple The Detective avec Frank Sinatra, ou encore Tony Rome (avec le même acteur). Mais si je vous cite ce titre : I Was a Communist for the FBI (1951), je suis sûr que cela vous donne envie de redécouvrir ses films.

Du 6 janvier au 8 février 2010.

Pedro Costa représente la nouvelle génération de cinéastes portugais, reconnu en Europe et au Japon. Ses films : O Sangue, Ossos, Dans la chambre de Wanda, En avant jeunesse, son film sur Straub-Huillet : Où git votre sourire enfoui ? Enfin son nouveau film sera montré en avant-première : Ne change rien, avec Jeanne Balibar. En janvier 2010.

Marcel Hanoun est un cinéaste français d’avant-garde qui mérite un hommage car il est l’auteur d’une œuvre expérimentale et exigeante, onirique et solitaire. Il nous semble qu’il est temps de « peupler » cette solitude, en revisitant cette œuvre dont je ne cite que quelques titres : Une simple histoire, Le Huitième jour, Octobre à Madrid, L’authentique procès de Carl-Emmanuel Jung, ou encore La Nuit claire.

En janvier 2010.

Jim Carrey : un grand du cinéma burlesque, acteur caoutchouc et protéiforme, génial dans ce beau film de Milos Forman : Man on the Moon. Jim Carrey viendra présenter son nouveau film : I love You Philip Morris, de Glenn Ficarra et John Requa. Ce sera un sacré événement d’accueillir Jim Carrey à la Cinémathèque !

En partenariat avec Europacorp.

Du 1er au 14 février 2010.

Andrzej Wajda : on sait le rôle qu’a joué Wajda dans le nouveau cinéma européen des années 50 et 60. Kanal, Cendres et Diamants, L’Homme de marbre, L’Homme de fer… Nous l’avons accueilli il y a quelques mois, ici même, pour la présentation de Katyn. De là est née l’envie de lui rendre un hommage à travers une rétrospective complète de son œuvre. Et de montrer son nouveau film : Tatarak, qui sortira simultanément. A. Wajda sera présent à la Cinémathèque lors de cet hommage.En partenariat avec Les Films du Losange et l’Institut culturel Polonais.

Du 8 février au 7 mars 2010.

Michael Ballhaus, directeur de la photographie de Fassbinder (à peu près tous les premiers films du cinéaste dans les années 70 : Whity, Prenez garde à la Sainte Putain, Les Larmes amères de Petra Von Kant, Le Droit du plus fort, etc., jusqu’au Mariage de Maria Braun), puis il s’installe en Amérique où il collabore avec Scorsese (After Hours, La Couleur de l’argent, Goodfellas, le splendide The Age of Innocence…), Coppola (Dracula) ou encore Mike Nichols.

En partenariat avec l’AFC (l’association française des directeurs de la photographie).

À partir 17 février 2010.

Metin Erksan : nous tenions à participer à la Saison Turque en France et avons décidé de convier un cinéaste important, peu connu en Europe, bien qu’il ait obtenu l’Ours d’or à Berlin en 1964 avec son film Susuz Yaz (Un été sans eau). Nous aurons plaisir à découvrir une grande partie de ses films qui fondent une œuvre engagée sur le plan social. Metin Erksan est né en 1929, et son dernier film, réalisé en 1977, est une adaptation d’Hamlet de Shakespeare : Intikam Melegie – Kadin Hamlet.

En partenariat avec Culturesfrance, dans le cadre de la Saison Turque en France. En mars 2010.

Lee Man-hee (1931-1975) est un cinéaste coréen parmi les plus importants, qui a réalisé un grand nombre de films entre 1960 à 1975 (année de sa disparition). Des films de guerre, de fantômes ou de gangsters.

En partenariat avec le Korean Film Archive et le Centre culturel coréen.

En avril 2010.

Robert Mulligan (1925-2008). On connaît certains de ses films : Un été 42, Daisy Clover, ou L’Autre. Nous avons eu envie de mieux la connaître en organisant cette rétrospective complète. Mulligan a laissé une œuvre délicate et personnelle, souvent mélancolique.

Été 2010.

Akira Kurosawa (1910-1998) : un géant du cinéma mondial, celui que l’on surnommait « l’Empereur » dans son propre pays. J’ai eu la chance de le voir tourner quelques scènes de RAN en octobre 1984, produit par Serge Silberman. Kurosawa, c’est Les Sept Samourais, La Forteresse cachée, Vivre, L’Idiot, Entre le Ciel et l’Enfer, DodesKaden, Chien enragé, Barberousse, Dersou Ouzala, Kagemusha. Un maître admiré par les plus grands cinéastes. Une œuvre puissante à redécouvrir.

En été 2010.

Riccardo Freda (1909-1999) il a fait des films populaires de cape et d’épée (Sept épées pour le roi), des fictions historiques épiques (La Charge des Cosaques), des péplums (Maciste en enfer), des mélodrames (Les Deux Orphelines, Roger-la-honte) et des films d’épouvante (Les Vampires). On pourrait résumer en deux mots : histoires triviales et élégance du style, grâce à une mise en scène précise et exigeante. Freda a de nombreux fans, y compris chez un grand nombre de cinéastes contemporains. La Cinémathèque se mettra à l’heure Freda durant l’été 2010.

En survolant rapidement cette programmation, on se rend compte qu’elle brasse, traverse et revisite de larges pans de l’histoire du cinéma mondial. Des rétrospectives de grands cinéastes ou auteurs du cinéma : Aldrich – Fellini – Laurel et Hardy – Wajda – Duvivier – Siodmak – Kurosawa.

Des découvertes : Metin Erksan (Turquie) et Lee Man-hee (Corée).

Des programmations insolites : Jim Carrey.

Un hommage à un jeune cinéaste : Pedro Costa.

À un grand directeur de la photographie : Michael Ballhaus.

À une actrice de légende : Pola Negri.

A une archive : les AFF.

Les cinéastes en activité (Haneke, Wajda, Hanoun, Pedro Costa, Metin Erksan) nous feront l’honneur d’être présents. Il y aura donc des rencontres, des leçons de cinéma…

C’est pleinement le rôle de la Cinémathèque française, que de travailler d’arrache-pied, grâce à ses équipes compétentes, à rassembler les copies, à les sous-titrer afin de les présenter au public dans les meilleures conditions