Commentaires sur : Nicolas Bouchaud joue Serge Daney au Rond-Point http://blog.cinematheque.fr/sergetoubiana/2010/10/10/nicolas-bouchaud-joue-serge-daney-au-rond-point/ Un site utilisant Réseau Blogs de la Cinémathèque française Thu, 31 Dec 2015 10:24:44 +0000 hourly 1 Par : Delphine Pineau http://blog.cinematheque.fr/sergetoubiana/2010/10/10/nicolas-bouchaud-joue-serge-daney-au-rond-point/#comment-1113 Mon, 11 Oct 2010 19:17:41 +0000 http://blog.cinematheque.fr/?p=203#comment-1113 On a beau connaître l’histoire du Titanic, on n’en est pas moins transportés par le film de James Cameron.

On a beau connaître Serge Daney, connaître ces émissions, et cependant la gageure fonctionne. On se retrouve absolument captivés (la qualité d’écoute, dans la salle, est impressionnante), attentifs à ne pas perdre une goutte de ce qui est dit, qu’on connaît pourtant, parcourant les méandres de la pensée de SD en train de se développer, tout en se replongeant continuellement dans l’époque, refaisant un délicieux voyage dans le temps.

Ces paroles de SD, dites par un autre, incitent continuellement à faire travailler sa mémoire pour reconvoquer mentalement son visage, à la recherche d’une intonation, d’un sourire. Cette re-création mentale, cette concentration pour faire revenir la présence de Serge, le travail de Nicolas Bouchaud et Éric Didry nous permet aussi ça, qui ajoute une « couche » au processus mental. Car, en même temps que tout ces éléments de conscience, mémoire, pensée se mettent en place, se tissent, on assiste au développement, au redéploiement de la pensée de SD. Et on sait absolument gré aux metteur en scène et acteur de ce dispositif pourtant acrobatique, et qui se révèle fécond.

Sur un mode « marabout, bout d’ficelle, selle de cheval… », se précisent alors nos propres petites constructions mentales, divagations de pensée, et finalement confirmation d’une idée jamais vraiment formulée. La gêne (mot faible) ressentie à sa sortie, à la vision du « Cauchemar de Darwin » de Hubert Sauper, était cristallisée par un zoom sur les haillons d’un pêcheur tanzanien, filmés comme si ce mouvement avait été tourné en hommage au fameux travelling de Pontecorvo si radicalement pointé par Rivette, et fermement reformulé dans « La Loi du marcheur ».

C’est une des gratitudes qu’on ressent vis-à-vis de SD (et que cette pièce nous rappelle), parmi quelques autres : l’agréable impression de se sentir modifiée.

Bien sûr, Serge D. n’avait pas cette diction sophistiquée, un peu maniérée, mais Nicolas Bouchaud l’« incarne » avec une gestuelle et une aisance enviables pour un homme qui regrettait de ne pas savoir danser ; et lui permet de faire corps – d’une façon à la fois très émouvante et ludique – avec « Rio Bravo », dans les entrailles mêmes du film.

Merci pour le conseil, Serge T. !

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