Archive pour le 11.2010

Plaidoyer de Jafar Panahi devant ses juges

lundi 22 novembre 2010

Ce témoignage m’a été transmis par un journaliste : c’est le plaidoyer prononcé par Jafar Panahi devant ses juges, il y a une dizaine de jours, alors qu’il passait en procès à Téhéran. D’une grande dignité et d’un courage inouï, ce texte mérite d’être porté à la connaissance de tous. Je vous invite non seulement à le lire, mais à le faire lire à tous ceux autour de vous épris de liberté et qui aiment le cinéma. Tout ce que dit Jafar Panahi, avec justesse et modération, tend à prouver que ce procès n’a absolument pas lieu d’être.

Serge Toubiana

 

« Votre honneur, Monsieur le Juge, permettez-moi de présenter mon plaidoyer en deux parties distinctes.

 Première partie : Ce qu’on dit.

Ces derniers jours, j’ai revu plusieurs de mes films favoris de l’histoire du cinéma, malgré le fait qu’une grande partie de ma collection ait été confisquée durant le raid qui a eu lieu dans la nuit du 19 février 2009 à mon domicile. En fait, Monsieur Rassoulof et moi-même étions en train de tourner un film du genre social et artistique, quand les forces qui proclamaient faire partie du ministère de la Sécurité, sans présenter aucun mandat officiel, nous ont arrêtés ainsi que tous nos collaborateurs, et du même coup confisqué tous mes films, qu’ils ne m’ont jamais restitués par la suite. Par la suite, la seule allusion jamais faite à ces films était celle du Juge d’instruction du dossier : « Pourquoi cette collection de films obscènes ? »

J’aimerais préciser que j’ai appris mon métier de cinéaste en m’inspirant de ces mêmes films que le juge appelait « obscènes ». Et, croyez-moi, je n’arrive pas à comprendre comment un tel adjectif peut-il être attribué à des films pareils, comme je n’arrive pas à comprendre comment on peut appeler « délit criminel » l’activité pour laquelle on veut me juger aujourd’hui. On me juge, en fait, pour un film dont moins d’un tiers était tourné au moment de mon arrestation. Vous connaissez certainement l’expression qui dit : ne dire que la moitie de la phrase : « il n’y a point de Dieu que dieu le grand » est synonyme de blasphème. Alors, comment peut-on juger d’un film avant qu’il soit même fini ?

Je n’arrive à comprendre ni l’obscénité des films de l’Histoire du cinéma, ni mon chef d’accusation. Nous juger serait juger l’ensemble du cinéma engagé, social et humanitaire iranien ; le cinéma qui a la prétention de se placer au-delà du bien et du mal, le cinéma qui ne juge pas et qui ne se met pas au service du pouvoir et de l’argent, mais qui fait de son mieux afin de rendre une image réaliste de la société.

On m’accuse d’avoir voulu promouvoir l’esprit d’émeute et de révolte. Cependant, tout au long de ma carrière de cinéaste, j’ai toujours réclamé être un cinéaste social et non politique, avec des préoccupations sociales et non politiques. Je n’ai jamais voulu me placer en position de juge et de procureur ; je ne suis pas cinéaste pour juger mais pour faire voire ; je ne tiens pas à décider pour les autres ou leur prescrire quoi que ce soit. Permettez-moi de redire que ma prétention est de placer mon cinéma au-delà du Bien et du Mal. Ce genre d’engagement nous a souvent coûté, à mes collaborateurs et à moi-même. Nous avons été frappés par la censure, mais c’est une première que de condamner et d’emprisonner un cinéaste afin de l’empêcher de faire son film ; et il s’agit d’une première aussi que de rafler la maison dudit cinéaste et de menacer sa famille pendant son « séjour » en prison.

On m’accuse d’avoir participer aux manifestations. La présence des caméras était interdite durant ces démonstrations, mais on ne peut pas interdire aux cinéastes d’y participer. Ma responsabilité en tant que cinéaste est d’observer afin de pouvoir un jour en rendre compte.

On nous accuse d’avoir commencé le tournage sans avoir demandé l’autorisation du gouvernement. Dois-je vraiment préciser qu’il n’existe aucune loi promulguée par le parlement concernant ces autorisations. En fait, il n’existe que des circulaires interministérielles, qui changent au fur et à mesure que les vice-ministres changent.

On nous accuse d’avoir commencé le tournage sans avoir donné le scénario aux acteurs du film. Dans notre genre du cinéma, ou on travaille plutôt avec des acteurs non professionnels, c’est une manière de faire très courante pratiquée par presque tous mes collègues. Un chef d’accusation pareil me semble relevé plutôt du domaine de l’humour déplacé que du domaine juridique.

On m’accuse d’avoir signé des pétitions. J’ai en fait signé une pétition dans laquelle 37 de nos plus importants cinéastes déclaraient leur inquiétude quant à la situation du pays.  Malheureusement, au lieu d’écouter ces artistes, on les accuse de traîtrise ; et pourtant, les signataires de cette pétition sont justement ceux qui ont toujours réagi en premier aux injustices dans le monde entier. Comment voulez-vous qu’ils restent indifférents à ce qui se passe dans leur propre pays ?

On m’accuse d’avoir organisé les manifestations autour du Festival de Montréal ; cette accusation n’est basée sur aucune logique puisque, en tant que directeur du jury, je n’étais à Montréal que depuis deux heures quand les manifestations ont commencé. Ne connaissant personne dans cette ville, comment aurais-je pu organiser un tel événement ? On ne tient pas à s’en souvenir peut-être, mais durant cette période, partout dans le monde où il se passait quelque chose, nos compatriotes se rassemblaient afin d’exprimer leurs demandes.

On m’accuse d’avoir participer aux interviews avec les médias de langue persane basés à l’étranger. Je sais qu’il n’existe aucune loi interdisant un tel acte.

Deuxième partie : Ce que je dis.

L’artiste incarne l’esprit d’observation et d’analyse d’une société à laquelle il appartient. Il observe, analyse et essaie de présenter le résultat sous la forme d’une œuvre d’art. Comment
peut-on accuser et incriminer qui que se soit en raison de son esprit et de sa façon de voir les choses ? Rendre les artistes improductifs et stériles est synonyme de détruire toutes formes de pensée et de créativité. La perquisition effectuée chez moi et l’emprisonnement de mes collaborateurs et de moi-même, représentent le raid du pouvoir effectué contre tous les artistes du pays. Le message convié par cette série d’actions me paraît bien clair et bien triste : qui ne pense pas comme nous s’en repentira…

En fin de compte, j’aimerais aussi rappeler à la cour une autre ironie du sort me concernant : en fait, l’espace consacré à mes prix internationaux au musée du cinéma à Téhéran est plus grand que l’espace de ma cellule pénitentiaire. 

Quoi qu’il en soit, moi Jafar Panahi, déclare solennellement que malgré les mauvais traitements que j’ai dernièrement reçus dans mon propre pays, je suis Iranien et que je veux vivre et travailler en Iran. J’aime mon pays et j’ai déjà payé le prix de cet amour. Toutefois, j’ai une autre déclaration à ajouter à la première : mes films étant mes preuves irréfutables, je déclare croire profondément au respect des droits d’autrui, à la différence, au respect mutuel et à la tolérance. La tolérance qui m’empêche de juger et de haïr. Je ne hais personne, même pas mes interrogateurs puisque je reconnais ma responsabilité envers les générations à venir.

L’Histoire avec un grand H est bien patiente ; les petites histoires passent devant elle sans se rendre compte de leur insignifiance. Pour ma part, je m’inquiète pour ces générations à venir. Notre pays est bien vulnérable et c’est seulement l’instauration de l’état de droit pour tous, sans aucune considération ethnique, religieuse ou politique, qui peut nous préserver du danger bien réel d’un futur proche chaotique et fatal. A mon avis, la Tolérance est la seule solution réaliste et honorable à ce danger imminent.

Mes respects, Monsieur le Juge,

Jafar Panahi, cinéaste iranien

 

 

 

Juliet Berto, rieuse et moqueuse

vendredi 19 novembre 2010

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Photographie : Juliet Berto, par Pierre Zucca

Pour des raisons liées au souvenir, je tenais à ce que la Cinémathèque rende hommage à Juliet Berto, vingt ans après sa mort. Raisons personnelles. La première, parce qu’elle faisait partie de mon paysage cinéphile. Née à Grenoble, Juliet Berto faisait partie d’une bande de cinéphiles qui, dans les années soixante, animaient un ciné-club très actif, auquel je commençais à participer – ô si timidement, jeune lycéen me faufilant aux séances du mardi soir. Dans cette « filière grenobloise », Michel Semeniako en est un autre, qui joue lui aussi dans La Chinoise, le rôle du chimiste (Henri), qui, à la fin, fait son autocritique et décide de quitter le groupuscule maoïste. À cette époque grenobloise, Michel Semeniako était déjà photographe, et il l’est encore. L’autre soir il était là, lors de la projection de Cap Canaille, le deuxième film coréalisé en 1983 par Juliet Berto et Jean-Henri Roger, qui ouvrait l’hommage à la Cinémathèque.

Godard venait régulièrement présenter ses films à Grenoble, par exemple Masculin Féminin en 1966. Il fit connaissance avec cette bande qui fréquentait le « Café de la Poste », place Grenette. Juliet était un personnage « godardien » avant même d’être actrice. Sa moue, son charme naturel, sa beauté. C’est ainsi qu’elle est décrite, en quelques lignes, dans le scénario de La Chinoise : « Yvonne (Juliet Berto) représente la classe paysanne. Montée à Paris pour faire des ménages, elle a échoué dans la prostitution dont Henri et les autres ont du mal à la sortir. Elle s’occupe des travaux domestiques et de la cuisine ». Le génie de Godard consiste à « maquiller » une trame documentaire pour en faire un archétype fictionnel. Juliet Berto serait la « paysanne » du film, quand Anne Wiazemsky, alors étudiante à Nanterre, et issue d’une autre classe sociale, jouerait en quelque sorte son propre rôle. Juliet jouait dans le film précédent, Deux ou trois choses que je sais d’elle, une scène de café – toute la cinéphilie est une histoire de cafés…

Grenoble, la ville où j’ai fait mes études secondaires, puis universitaires (si peu), milité (un peu trop), et surtout commencé à aimer le cinéma. Les films de Godard, de Truffaut, de Resnais. La Cinémathèque de Grenoble existait déjà, animée par Michel Warren, présent lui aussi l’autre soir à la Cinémathèque. Lycéen à Champollion en 1966 et 67, j’avais animé un ciné-club avec quelques amis. Nous présentions des films : Eisenstein, Les Raisins de la colère, Le Sel de la terre, Los Olvidados – dans une salle de la ville, plus tard baptisée « salle Juliet Berto ». Grenoble aussi où, un soir de 1975, je suis revenu, avec Serge Daney pour rencontrer Godard, avec lequel les Cahiers du cinéma renouaient après une assez longue période de silence. Après Tout va bien, Godard s’était installé à Grenoble, pour ce qui allait être sa période vidéo (jusqu’à son retour au cinéma avec Sauve qui peut (la vie), fuyant alors le cinéma et Paris. Ça m’avait fait tout drôle de revenir dans cette ville que j’avais décidé de quitter en 1971 pour « monter à Paris » faire des études de cinéma à Censier. Et d’y revenir spécialement afin d’y rencontrer pour la première fois Jean-Luc Godard. Il nous avait gentiment reçus, dans son grand bureau incroyablement propre et bien rangé, éclairé d’une seule lampe au-dessus d’une table en bois où nous nous étions assis face à lui. Je n’ai pas dit un mot, JLG a beaucoup parlé, nous étions intimidés, ébranlés, secoués. À partir de là, le lien entre les Cahiers et lui était renoué, comme il le fut exactement à la même période avec Truffaut, mais dans d’autres circonstances.

L’autre raison de cet hommage à Juliet Berto, c’est la peur de l’oubli. Peur qu’on l’oublie. Peur qu’elle s’efface de nos mémoires. Peur que la nouvelle génération de cinéphiles ignore tout de Juliet Berto. Pourtant les films sont là, de Godard, Rivette, Glauber, Tanner, Berri, Losey, etc. Et ses propres films. Dans la vie, Juliet Berto n’était pas une paysanne, mais une fille de la ville. Moderne, rieuse, moqueuse, impulsive. Elle avait le don de créer du lien, de constituer autour d’elle une tribu, de Chris Marker à Joris Ivens, de Maneval à Willy et Nicole Lubtchansky, en passant par Jean-François Stévenin, Jean-Claude Brialy, Higelin et beaucoup d’autres. Il y avait le cinéma, mais aussi la musique, le rythme, une manière de vivre. À la marge, tout en faisant des incursions au centre, « dans le système », pour ne pas perdre pied et maintenir un lien avec la réalité. Jean-Henri Roger était ému l’autre soir en présentant Cap Canaille : Juliet avait de l’énergie à revendre. Et cette énergie, elle la transmettait autour d’elle.

La Cinémathèque montre (jusqu’au 22 novembre) quelques films, de et avec Juliet Berto, qui sont comme des pierres posées sur le chemin, la trace de cette actrice solaire.

Jean-Pierre Melville, avec ou sans Alain Delon

jeudi 4 novembre 2010

Alain Delon avait promis qu’il viendrait, et il n’est pas venu. Qu’il serait là pour parler du Cercle rouge, son second film avec Jean-Pierre Melville (après le premier, réalisé en 1967 : Le Samouraï, et avant le troisième qui allait être Un flic, dernier film réalisé par Melville en 1972, un an avant sa mort). Mais il y a trois jours, Alain Delon s’est fait excuser, prétextant un engagement loin de Paris. Dommage. Mais tant pis. Pour nous et pour lui. Hier soir, la salle Henri Langlois était bourrée, les spectateurs venus de tous les horizons pour voir ou revoir l’avant-dernier film de Melville. Son douzième. Et sans doute son meilleur. Michel Piccoli, généreux et seigneurial, a dit quelques mots élogieux sur celui qui le dirigea dans Le Doulos : une seule scène, mais quelle scène ! Costa-Gavras évoqua la figure du « Maître » pas toujours abordable et égocentrique, seul cinéaste français ayant eu le culot de créer son propre studio (rue Jenner, dans le 13è), ce qui ne plaisait pas à tout le monde. Et par ailleurs, père de la Nouvelle Vague. Il est évident qu’un film comme Bob le flambeur, tourné en 1954, filmé avec une telle liberté, dans la rue, hors du studio et des conventions en vigueur dans le cinéma français, exerça une influence certaine sur A bout de souffle et quelques autres films des jeunes Turcs des Cahiers du cinéma. Melville apparaît dans le premier film de Godard (la fameuse scène de l’interview avec Parvulesco, interprété par Melville, à Orly), manière pour le turbulent genevois de rendre hommage à une figure admirée. L’histoire entre Melville et la Nouvelle Vague tourna court. Truffaut, qui appréciait Melville, se fâcha avec l’auteur du Doulos. A moins que ce soit l’inverse. Truffaut et Melville, non réconciliés. Eric Demarsan, compositeur de la musique du Cercle rouge, mais également de celle magnifique de L’Armée des Ombres (à réentendre : CD chez Universal, grâce au travail de l’intelligent et immarcescible Stéphane Lerouge : Jean-Pierre Melville : Le Cercle Noir), ainsi que Rémi Grumbach et Laurent Grousset, les deux neveux de Jean-Pierre Grumbach, alias Melville, et Jean-François Delon (assistant de Melville sur Un flic) rendirent hommage, avec simplicité et sincérité, à l’auteur du Samouraï.Delon encore. C’est lui qui tenait à présenter Le Cercle rouge. Pour dire tout le bien qu’il pense des autres acteurs du film : André Bourvil, génial en commissaire Mattei, à la fois glacial et humain, stratège métallique – Le Cercle rouge allait être son ultime film ; Yves Montand, dans le rôle de Janssen, ancien flic alcoolique et élégant, prince des armes à feu ; François Périer acteur profond et impénétrable, toujours juste ;  et Gian Maria Volonté, qui interprète le personnage de Vogel dans le film, qui s’échappe d’un train dans une scène inoubliable. Melville s’est entendu avec tous, sauf avec l’acteur italien qu’il jugea sévèrement : « Gian Maria Volonté est un acteur d’instinct. Il est sans doute un grand acteur shakespearien, mais il est un personnage absolument impossible, en ce sens qu’il ne m’a donné à aucun moment le sentiment d’avoir affaire à un acteur professionnel. Il ne savait pas se placer dans la lumière et ne comprenait pas qu’un centimètre à gauche ou un centimètre à droite, ce n’était pas la même chose. » Si Volonté d’après Melville ne sait pas, Delon lui sait. Melville ne tarit pas d’éloges sur son acteur préféré, « prodigieusement doué » dit-il à Rui Nogueira dans le livre d’entretiens d’où ces citations sont extraites (Le cinéma selon Jean-Pierre Melville, dans la Petite Bibliothèque des Cahiers du cinéma. Passionnant et de première main). Melville toujours : « J’ai fait deux films avec Delon, et c’est formidable, parce qu’il y a entre nous une complicité extraordinaire sur le plan du tournage. Mais c’est compensé – parce qu’il faut que tout soit toujours compensé – par l’exceptionnelle complexité du personnage. En même temps, on peut dire que ces moments de complicité et de communion sont enrichis par le fait qu’il a une vie compliquée – oh combien ! – et qu’il n’est pas toujours – et en tout cas, il ne l’a pas été toujours dans mon film – complètement disponible ». Delon est génial dans Le Cercle rouge en ce sens qu’il disparaît peu à peu du film. On le voit, il est presque de tous les plans du film, mais il s’est fondu à l’intérieur de son personnage, Corey. Comme liquéfié. Une simple silhouette en action. Dans la longue, très longue scène du casse de la place Vendôme (27 minutes, montre en main), il est déguisé à l’identique de son complice Volonté, les deux hommes portent un masque pour ne pas être découverts par les caméras de surveillance de la joaillerie de luxe qu’ils s’apprêtent à dévaliser. Acteur masqué, lisse, rendu à sa pure fonction, à ses gestes ultra précis, professionnels. Melville dirige admirablement Delon en le faisant disparaître. En faisant disparaître la star, en la vidant de toute son aura, à l’intérieur même du personnage et de sa fonction ou de sa gestuelle. La grandeur de Delon aura été de l’accepter, de se prêter au jeu. Je ne suis donc pas si étonné qu’il ne soit pas venu hier présenter Le Cercle rouge, même si, comme la plupart des spectateurs présents, je le regrette. Delon est un acteur immense, justement capable de « disparaître ».Jean-Pierre Melville n’a réalisé que treize films, ce qui est peu. Mais l’œuvre est là, pleine et cohérente, comme un œuf. Le festival Premiers Plans, à Angers, organisa la rétrospective intégrale en janvier dernier, avec succès. Nous étions convenus de prendre le relais, sachant que dans l’intervalle allait paraître un ouvrage collectif mené de mains de maîtres par deux « melvilliens » : Jacques Déniel et Pierre Gabaston, pour le compte des (impeccables) éditions Yellow Now. L’ouvrage vient de paraître, très (bien) illustré, fourni de contributions les plus diverses, l’ensemble sur un ton alerte. Son titre : Riffs pour Melville. Avec des textes de Marcos Uzal, Fabrice Revault, Alain Keit, Olivier Bohler (auteur d’un documentaire passionnant sur Melville : Sous le nom de Melville, qui sera programmé mercredi 10 novembre à 19h30 à la Cinémathèque), Pierre Gabaston, Jacques Déniel, Frédéric Sabouraud, Jean-Baptiste Thoret, Bernard Benoliel, Jean-François Rauger, Jacques Mandelbaum, Alain Bergala, Gilles Mouëllic, Jean-Marie Samocki, Pierre Marie Déniel, Pierre Laudijois, et mézigue. S’il y a quelque chose d’émouvant dans cet ouvrage collectif, c’est assurément l’entretien de Jean-Baptiste Thoret avec Alain Corneau, sans doute le dernier qu’il accorda avant de mourir il y a deux mois, et dans lequel il évoque sa fascination pour l’auteur du Deuxième souffle. À lire.