Archive pour le 01.2015

JE SUIS CHARLIE

vendredi 9 janvier 2015

Ce qui s’est passé mercredi 7 janvier, à 11h30 au siège de Charlie Hebdo est un événement tragique, d’une gravité considérable. Un meurtre, un assassinat prémédité entrainant la mort de douze personnes : Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré, dessinateurs au sein de l’hebdomadaire satirique, Michel Renaud, l’économiste Bernard Maris, la psychanalyste Elsa Cayat, Moustapha Ourrad, correcteur de presse, Frédéric Boissau, agent d’entretien, et deux policiers, Ahmed Berabet et Franck Brinsolaro. Plusieurs blessés graves, parmi lesquels Philippe Lançon, journaliste à Libération.

Charlie Hebdo, c’est tout un symbole. Celui de la liberté d’expression, de la jeunesse, de la dérision, de l’humour, sur tout, y compris sur des sujets « sensibles », celui du talent de ses dessinateurs, autant de personnalités qui, depuis des décennies, ont parfois, souvent, influencé nos sensibilités, nos idées ou notre vision du monde.

Aussi ce drame nous touche-t-il, tous et chacun pris individuellement, au plus profond de nous-mêmes, car il concerne la liberté d’expression, le droit de penser librement, d’oser rire, d’oser se moquer, d’oser dire ce que l’on pense.

Nous pensons à ces douze personnes tuées dans une sauvagerie immonde, à leurs familles, à leurs amis, à leurs proches, et nous nous sentons émus et solidaires.

Ce drame a suscité et continue de susciter une profonde indignation partout en France et dans le monde entier. Hier soir, place de la République, plusieurs dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles tant et tant de jeunes, se sont rassemblées, allumant des bougies, portant des pancartes – « Je suis Charlie » – manifestant leur solidarité envers Charlie Hebdo. Idem à Toulouse, Lyon, Marseille et ailleurs.

Aujourd’hui nous avions prévu de vous présenter nos vœux pour la nouvelle année. Nous avons décidé de maintenir ce rendez-vous à 12 heures, sur la mezzanine, et nous respecterons tous ensemble, comme partout en France, un deuil national.

La Cinémathèque, l’ensemble de son personnel, le public qui fréquente notre établissement, sont profondément touchés par cet événement. Le Plan Vigipirate mis en place pour assurer la sécurité des personnes, aussi bien le personnel que les visiteurs, sera impérativement respecté, de manière solidaire. Il en est de notre devoir.

Le crime perpétré hier matin aura des conséquences sur nos activités, sur nos mentalités, sur nos esprits. Plus que jamais, nous devons faire preuve de solidarité, faire corps autour de nos projets, de nos valeurs de liberté et de démocratie. Ne pas baisser les bras, ne rien céder, continuer de vivre et de partager notre passion du cinéma.

 

Costa-Gavras, président de la Cinémathèque française, et Serge Toubiana, directeur général