Jean Gruault

Madeleine Morgenstern m’a annoncé il y a deux jours, au téléphone, la mort de Jean Gruault. Quelle tristesse ! Émus, nous parlons de lui pendant de longues minutes, et tout de suite remontent les souvenirs joyeux et gais de cet homme plein d’entrain, alerte, irrévérencieux, profondément cultivé, humain.

Jean Gruault communiquait sa joie de vivre, son goût des livres et des films – Griffith, Lubitsch, le cinéma muet, les Chaplin, les films Pathé-Baby de son enfance, et autres trésors du cinéma, qu’il projetait chez lui, en famille ou avec ses amis. Il était encore récemment venu à la Cinémathèque française, au moment de l’exposition consacrée à François Truffaut ; j’étais censé animer une discussion sur son travail de scénariste avec Truffaut, à laquelle nous avions convié Arnaud Desplechin, qui admire sincèrement l’apport de Gruault  à des films comme Jules et Jim, Les Deux Anglaises, L’Enfant sauvage, La Chambre verte ou encore L’Histoire d’Adèle H. Sans oublier Rossellini (Vanina Vanini), Rivette (Paris nous appartient et La Religieuse), Godard (Les Carabiniers) et bien sûr Alain Resnais (plusieurs films, je pense au bouleversant L’amour à mort et à Mon Oncle d’Amérique). Pendant plus d’une heure, ni Arnaud Desplechin ni moi ne pouvons en placer une, dire un mot ou une phrase, poser une question, devant l’éloquence de notre cher Jean Gruault. Il ne se lassait pas de raconter des anecdotes, de prendre son temps, des chemins de traverse, pour, en fin de compte, revenir à l’essentiel : son amitié avec Truffaut, sa complicité avec le cinéaste qu’il avait connu tout jeune, au début des années 50. Jean vient de mourir à l’âge de 90 ans. Il avait du mal à marcher, le corps souffrait, mais l’esprit, la jeunesse d’esprit était intact. Nous l’aimions, nous l’aimions tendrement. Et nous l’admirions pour ses incroyables qualités d’homme.

La crémation aura lieu vendredi 12 juin au cimetière du Père-Lachaise, à 14h30.

A lire de Jean Gruault, Ce que dit l’autre, Julliard (1992). La dernière phrase de ce merveilleux livre autobiographique est à méditer : « Ce n’est pas nous qui mourons, c’est un autre. »

Un lien vers le site internet de La Cinémathèque française, pour découvrir un long et passionnant entretien réalisé avec Jean Gruault en novembre 2013, au moment de la préparation de l’exposition consacrée à François Truffaut :

http://www.cinematheque.fr/fr/hommages/disparition-jean-gruault.html

 

3 Réponses à “Jean Gruault”

  1. truffaut a écrit :

    Bonjour,
    vous êtes sur le pour le 12 juin à 14h30 ? J’ai lu le 17 juin à 16h au jardin du souvenir du Père Lachaise…

  2. serge toubiana a écrit :

    Oui, sûr.

  3. serge toubiana a écrit :

    En effet, les cendres de Jean Gruault seront dispersées le 17 juin à 16 heures, au jardin du souvenir au Père-Lachaise.