Fin de la grève à Hollywood.

En lisant Libération ce matin, l’excellent Philippe Garnier nous apprend la mort de l’acteur américain Roy Scheider, à l’âge de 75 ans. Roy Scheider était un acteur formidable. Plutôt discret. Plus exactement, énigmatique. Son regard était transperçant, mais en suspens, comme interrogatif. Acteur froid et antipsychologique. Moderne. Jamais prolixe. Génial dans plusieurs films, dont évidement French Connection de William Friedkin, Sorcerer, le remake du Salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot réalisé par le même Friedkin, Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg, Klute d’Alan Pakula, Les Dents de la mer de Steven Spielberg, All That Jazz de Bob Fosse (Palme d’or à Cannes en 1980). Garnier nous apprend que Michael Cimino avait pensé à Roy Scheider pour incarner le rôle de Michael Vronsky dans The Deer Hunter (Voyage au bout de l’enfer), avant d’opter pour Robert De Niro. On est triste.

La grande nouvelle concerne la fin de la grève des scénaristes à Hollywood. Elle aura duré plus de trois mois, et coûté très cher à l’industrie du cinéma et de la télévision. Il faut rappeler qu’au départ, les scénaristes, par le biais de la Writers Guild of America (l’équivalent de la Sacd en France), réclamaient que leur activité soit reconnue et rétribuée lors de la diffusion des films via Internet ou sur d’autres plates-formes de diffusion type portables. Leur revendication principale portait sur l’obtention d’un pourcentage sur les revenus des distributeurs. En obtenant gain de cause, les scénaristes obtiennent la reconnaissance d’un « droit de suite » qui leur donne accès à des revenus liés à la révolution numérique en cours, où les plates formes numériques se multiplient et diffusent massivement films et séries télévisuelles.

Ce qui frappe le plus, c’est le fait que cette grève a été longue et que les scénaristes, loin d’être isolés, ont été soutenus par les acteurs américains. L’impact économique de cette grève est considérable, faisant perdre à l’industrie hollywoodienne des sommes énormes, de l’ordre de 1,9 million de dollars aux chaînes américaines, et 1,5 milliard de dollars à l’économie du Comté de Los Angeles (chiffres fournis par Variety). Les scénaristes ont obtenu gain de cause, alors même que leur mouvement risquait fort d’être impopulaire, puisqu’il menaçait la production de nombreuses séries de télévision hyper populaires aux Etats-Unis. Certes la fin de la grève est une bonne nouvelle, mais il faudra plusieurs jours avant que les productions ne se remettent en marche, dans chaque studio. La fin de la grève lève aussi l’hypothèse d’une annulation de la cérémonie des Oscars (prévue le 24 février), élément qui a pu jouer dans la résolution du conflit.

2 Réponses à “Fin de la grève à Hollywood.”

  1. Bosquet a écrit :

    Bonjour Monsieur Toubiana,

    Comme vous, j’admirais Roy Scheider dont la carrière cinématographique a atteint un point culminant dans les années 70, avant de s’effilocher dans les années 80 et de s’éteindre dans les années 90 et 2000. Vous avez peut-être involontairement omis de citer sa prestation, pourtant là aussi impressionnante, dans Marathon Man de John Schlesinger, que j’ai eu plaisir à revoir récemment. Son personnage disparaissait à la moitié du film, assassiné par Laurence Olivier, mais sa composition très dense et très physique a, me semble-t-il, également marqué significativement sa filmographie.

    Bien cordialement,

    Julien Bosquet

  2. Ignacio Beccar Varela a écrit :

    Bonjour Monsieur Toubiana,

    Veuillez excuser mon français maladroit. En lissant vos messages, j’ai eu envie de suggrer la programmation de rétrospectives de scenaristes. Sur tout sur ceux qui ont été très déterminants dans la composition des films. Je pense (en chaud) à Prevert, mais aussi à Harold Pinter, prix Nobel, toujours vivant (il pourrait se rendre à la C. pour des événements; il parle français, je crois), et qui a quelques films qui n’ont presque jamais été vus, pas même en Angleterre.
    En fin, juste une suggestion, merci de votre attention.

    Bien cordialement,
    Ignacio B. Varela