Journées du Patrimoine

Devant l’Opéra Bastille, il y avait foule hier soir, en cette fin de Techo Parade, avec des odeurs de gaz lacrymogènes. Le contraste était fort, tandis qu’à l’intérieur était projeté en événement exceptionnel le film d’André Antoine, L’Arlésienne (1922), avec un accompagnement au piano de Mathieu Regnault. Soirée organisée par l’Opéra de Paris, avec la collaboration de Gaumont-Pathé Archives et de la Cinémathèque française, qui avait restauré le film en 1990 (la copie était superbe !). 

Cette séance était programmée au moment même où se donne, pour dix représentations, Mireille de Charles Gounod, d’après le livret de Frédéric Mistral, dans une mise en scène de Nicolas Joel. L’Arlésienne est le dernier film réalisé par Antoine, tiré d’un texte qui fut porté à la scène en 1872 par Alphonse Daudet lui-même. Le film fut tourné en décors naturels, Arles, la Provence, les plages de Camargue, ce qui lui donne l’allure magnifique d’un drame réaliste et incantatoire, voire d’un western provençal. C’est l’histoire d’un jeune homme, Frédéri (interprété par Gabriel de Gravone), qui littéralement se meurt d’amour, une fois qu’un rival lui a appris que sa belle Arlésienne avait un amant. Courtisé par Vivette (Maggy Deliac), il ne peut se résoudre à vivre loin de celle qu’il aime. Sa mère, Rose Mamaï (interprété par Lucienne Bréval, célèbre cantatrice), fait tout pour le protéger et éviter le pire. Mais le pire arrive… L’accompagnement musical assuré hier soir par Mathieu Regnault était splendide, largement improvisé, tout en nuance.

Aujourd’hui dimanche, la Cinémathèque programme deux films restaurés, projetés cet après-midi, dans le cadre des Journées du Patrimoine.

A 14h30 : Gribiche de Jacques Feyder, accompagné par Marc Peronne. A 17h : Lola Montès de Max Ophuls, dans sa belle version restaurée l’an dernier par la Cinémathèque française, la Fondation Thomson, les Films du Jeudi (avec le soutien du Fonds Culturel Franco Américain, de L’Oréal et agnès b.).

Enfin, à 19h30, une séance composée de films du grand documentariste anglais Humphrey Jennings, présentés par  Elena Von Kassel-Sambiani qui vient de faire paraître un ouvrage sur Jennings, Le poète du cinéma britannique (aux éditions L’Harmattan).

À 21h, la Cinémathèque reprend sa programmation « normale » avec Les Douze salopards de Robert Aldrich.

La Cinémathèque participe à ces Journées du Patrimoine en ouvrant grand ses portes, pour ainsi faire découvrir à un public qui ne fréquente pas de manière régulière ce lieu, ce que sont ses activités, ses missions, ses métiers, son musée, ou son bâtiment. Il y aura du monde pour découvrir la bibliothèque du film, où l’on a accès à des revues, des ouvrages, mais aussi à des fonds d’archives importants de l’histoire du cinéma. Les films programmés aujourd’hui seront présentés sous l’angle de leur restauration, processus nécessaire et parfois très complexe permettant de redonner vie, intensité et couleurs à des films anciens. L’accès est libre (dans la mesure des places disponibles). 

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