Jim Carrey à la Cinémathèque

Manmoon

Jim Carrey sera reçu ce soir à la Cinémathèque française, à l’occasion de la présentation de son nouveau film I love You Phillip Morris, dans lequel il partage l’affiche avec Ewan McGregor. C’est aussi le coup d’envoi d’un hommage qui va durer jusqu’au 14 février, au cours duquel sont programmés une bonne vingtaine de films de cette star du burlesque. I Love You Phillip Morris est coréalisé par Glenn Ficarra et John Requa, également présents ce soir à la Cinémathèque – leur film sortira le 10 février, distribué par EuropaCorp, la société de Luc Besson.

Ce midi, Jim Carrey et Ewan McGregor étaient reçus au ministère de la Culture par Frédéric Mitterrand, qui les décorait l’un et l’autre des Arts et Lettres. C’est devenu une coutume de la part des ministres successifs de la Culture depuis Jack Lang, que de décorer les artistes étrangers de passage à Paris. La cérémonie ce midi avait un air plutôt surréaliste, les deux acteurs encadrant Frédéric Mitterrand avec sympathie, écoutant les louanges sincères d’un ministre cinéphile. Jim Carrey faisait parfois des grimaces, c’est plus fort que lui, mais l’on sentait qu’il était ému par le cérémonial. Le fait d’entendre un ministre dire l’admiration que lui voue le public en France avait de quoi l’émouvoir, lui qui revendique une lointaine origine française puisque issu d’une famille nommée Carré provenant de Saint-Malo.

La Cinémathèque est en ébullition à l’idée de recevoir cet acteur burlesque qui ne laisse personne indifférent. Ce soir les trois salles seront prises d’assaut, la plupart des invités et abonnés espèrent voir de près cet acteur qui a fait de la métamorphose physique sa marque de fabrique. Jim Carrey n’a jamais peur d’être obscène, de jouer avec les limites du « politiquement correct ». Il le fait avec son corps et sa bouche, prononçant des borborygmes explosifs. Il y a chez lui un mélange décapant entre l’enfant attardé et régressif qui fait des grimaces, se déguise ou se transforme, et le culot provocateur d’un adulte mal dans sa peau, démontrant ou dénonçant le caractère grotesque du monde moderne.

Parmi tous les films dans lesquels il a joué, je garde un faible pour celui de Milos Forman, Man on the Moon, réalisé en 1999. Jim Carrey y incarnait un personnage très provocateur de la télévision et du show américain, Andy Kaufman. Le film était une sorte de critique de la société du spectacle, jouant sans cesse avec les frontières du rire et de l’ironie macabre et celles de la destruction même du spectacle. Ce film je crois n’avait pas très bien marché aux USA, et pour cause. Les Américains n’aiment sans doute pas qu’un artiste étranger les regarde vivre et se moque d’eux. Même quand cet artiste se nomme Milos Forman. Avec Larry Flint, du même Forman, c’est néanmoins ce que j’ai vu de plus fort, de plus intelligent et de plus corrosif sur la société américaine contemporaine, ici retournée comme un gant par l’œil précis d’entomologiste d’un immense cinéaste. Dans Man on the Moon, Jim Carrey était littéralement exceptionnel.

13 Réponses à “Jim Carrey à la Cinémathèque”

  1. Gould a écrit :

    « la cinémathèque est en ébullition » sauf les abonnés relégués dans la petite salle, s’ils avaient réussi à obtenir des places évidemment. M.Luc Besson s’est offert une avant-première prestigieuse, a visiblement « booké » toute la salle Henri Langlois. Les abonnés passent au second plan. C’est triste et je veux croire que ce n’est pas révélateur de l’égard et la considération de la Cinémathèque pour ceux qui la font vivre au quotidien, et pas ceux qui la fréquente épisodiquement pour s’offrir une vitrine VIP.

  2. Serge Toubiana a écrit :

    Je ne partage pas votre point de vue. La demande était très forte, comme on pouvait s’en douter. Aussi avions-nous décidé de programmer I Love You Phillip Morris dans nos trois salles. Jim Carrey et Ewan McGregor, avec les deux réalisateurs, John Requa et Glenn Ficarra, entrainés par Costa-Gavras, ont d’ailleurs fait le tour des trois salles pour saluer tout le public de la Cinémathèque. S.T.

  3. fournier a écrit :

    Je suis entièrement d’avis avec M. Toubiana.
    De plus la cérémonie qui a eu lieu avec tous les invités dans la salle Langlois a été retransmise en simultanée dans les autres salles.
    Enfin j’ai énormément apprécié la surprise que nous a donnée Jim Carrey avec sa présentation du film par la chanson d’Aznavour « Comme ils disent » dans sa version anglaise « What makes a man ». Cela devait être une première car je n’ai pas trouvé sur les sites communautaires Jim Carrey chantant une telle chanson.
    L’a-t-il peut-être chanté dans un stand-up de par le passé ? Il aurait fallu lui demander.
    J’attends avec impatience la diffusion sur votre site de la vidéo de sa performance sur scène.
    Ce qui fait plaisir c’est que ce grand humoriste a aussi une grande culture et mérite grandement sa distinction de chevalier des Arts et Lettres au Ministère de la Culture.

  4. le duff pascal a écrit :

    Je suis assez impatient de revoir MAN ON THE MOON. C’est en effet une des plus belles réussites de Jim Carrey et je suis sûr que cette rétrospective sera un succès. Mais si je viens sur votre blog, ce n’est pas simplement pour souligner la qualité de ce film. Je tiens à m’exprimer directement à vous sur le peu de considération pour le personnel d’accueil de la Cinémathèque. Je viens régulièrement depuis l’arrivée à Bercy et je n’ai jamais eu à me plaindre des conditions dans lesquelles nous sommes accueillis (de nombreux abonnés partagent ce sentiment ). Or ce personnel change beaucoup, certains de leur propre chef et d’autres qui sont poussés dehors alors qu’ils n’ont rien à se reprocher. Ce n’est pas une première mais depuis ce début d’année, les départs de personnel d’accueil ont choqué de nombreux abonnés qui ont remarqué le départ de personnes qui travaillaient ici et dont l’attachement au lieu était évident. Des cinéphiles qui avaient choisi de travailler ici. Certes, ils ne dépendent pas directement de la Cinémathèque mais ils sont eux aussi la vitrine de la Cinémathèque et je m’étonne du peu de soutien de la direction. Ceci n’est pas à la hauteur de l’image que la Cinémathèque doit donner et je suis particulièrement choqué de la pression exercée sur ce personnel, pression visible par les visiteurs, témoins de la présence de gens dont l’utilité est discutable et qui scrutent la moindre action de ces employés. Comment peut-on signer et appeler à signer des pétitions comme vous l’avez souvent fait pour des causes souvent justes et ne pas se soucier du personnel qui travaille quelques étages en dessous de votre bureau ?

  5. Fabrice Larcade a écrit :

    Et oui, l’offre et la demande, le marché, Europacorp, le pop corn et tout ça…

  6. Serge Toubiana a écrit :

    La qualité de l’accueil du public à la Cinémathèque est une de nos préoccupations majeures. Dites-vous bien que je suis sensible à votre mail. Nous avons fait le choix de confier l’accueil à une société extérieure, après une longue réflexion. Nous continuerons de veiller à ce que l’accueil soit un réel service rendu au public de la Cinémathèque, abonnés inclus évidemment. S.T.
    Sur le pop corn, je n’ai rien à dire, désolé.

  7. Vince Vint@ge a écrit :

    L’acteur Jim Carrey est un fucking genius. Epatant. Mais il est dans le registre comique, alors ce n’est pas si facile pour lui, et à supposer qu’il le désire vraiment d’ailleurs, de s’affirmer en tant qu’artiste ‘respectable’. Cf. les De Funès et autres Pierre Richard d’antan.

    Attention, pour Carrey, je n’ai pas écrit : Artiste. Enlevons le A pontifiant de la majuscule. Et ne gardons que l’artiste, avec un petit A, statut modeste, voire minuscule, lui permettant d’osciller allègrement entre le mineur et le majeur. Entre l’entertainment et le film d’auteur. Entre le film du dimanche soir sur TF1 et la rétrospective intégrale à la Cinémathèque, le temple du septième art, rien que ça. Sachant que les multiples croisements et interpénétrations entre ces genres et choses-là sont possibles. Et souhaitables.

    Jim est carreyment bon, que ce soit dans un film, de divertissement ou d’auteur, ou au grand-messe de Claire Chazal en prime time. Ne mâchons pas nos mots, c’est un entertainer né, entre stand-up et standing ovation. Et son visage chewing gum, à l’élasticité inventive folle, louons-le au centuple car ce n’est pas donné à tout le monde que de pouvoir élever le chewing gum et le marshmallow au rang d’oeuvres d’art, et dans une parfaite confusion, ou collusion, des genres.

    Bref, Jim Carrey ou l’Homme élastique XXL.
    I Love You Jim Carrey, Yes Man !

    La Ballade de Jim, quoi. En long, en large et en travers.
    De ‘Fous d’irène’ à ‘L’Eternal Sunshine of the Spotlesssssssssssssssmind’, titre élastique, et à rallonge, qui convient bien à notre comique extensible et disjoncté en question.

    (Attention, ce mec peut me faire pisser de rire : Total Respect, donc.)

  8. Nakis a écrit :

    Bonjour,
    La programmation de la Cinémathèque française me laisse parfois perplexe. Certes, il y a parfois des hommages intéressants aux acteurs, actrices et réalisateurs qui ont marqué le septième art. Mais, pas toujours. Pour donner un exemple assez frappant. Pourquoi la Cinémathèque ne nous offre jamais une rétrospective avec les films de la Divine Greta Garbo? On attendait un tel hommage en 2005 (centenaire de l’actrice) ou même en 2010 (vingtième anniversaire depuis son décès), mais rien. Et pourtant, Garbo fait partie des figures les plus emblématiques de l’histoire du cinéma…beaucoup plus à mon avis que quelqu’un comme Jim Carrey! Heureusement, le Festival du Film International de la Rochelle annonce déjà pour son édition 2010 un hommage aux films muets de Garbo. Peut-être la Cinémathèque pourrait un jour suivre leur exemple.

  9. Serge Toubiana a écrit :

    Il y a une certaine condescendance dans votre propos :  » Certes il y a parfois des hommages intéressants… ». Connaissez-vous beaucoup de lieux, à Paris ou ailleurs, programmant autant d’Intégrales : Gordon Douglas, Laurel et Hardy, Wajda, Aldrich, Haneke, Fellini, bientôt Duvivier et Siodmak, pour ne parler que de la période récente ? Quant à la comparaison entre Jim Carrey et Greta Garbo, elle ne tient pas la route. Ce soir il y a Loulou de Pabst, avec Louise Brooks, copie restaurée. Et l’on se réjouit que le Festival de La Rochelle programme Garbo en juillet 2010.

  10. Nakis a écrit :

    Non, il ne s’agit pas de condescendance de ma part, c’est plutôt une grande déception, car, il me semble que Garbo mérite une rétrospective à la Cinémathèque (qu’elle n’a toujours pas eu), oui plus que Jim Carrey. Je sais que la programmation de la Cinémathèque est intéressante et diversifiée, mais il n’empêche on peut émettre quelques critiques, car, il s’agit d’une institution importante et publique et les spectateurs ont le droit d’être exigeants en tant que cinéphiles. Mon objectif n’était pas une comparaison entre entre Jim Carrey et la Divine Garbo, mais c’est un fait Carrey a eu droit à un hommage appuyé de la Cinémathèque, contrairement à Garbo. Par ailleurs, si je ne me trompe pas, la dernière fois que la Cinémathèque a rendu hommage à Garbo c’était au début des années soixante. Mais, en dehors de Garbo il y a d’autres figures emblématiques et populaires du cinéma qui mériteraient également un hommage, notamment Brigitte Bardot ou Louis de Funès.

  11. Serge Toubiana a écrit :

    La liste est longue, de ceux et celles qui méritent que nous leur rendions hommage. Mais il faut faire des choix. Brigitte Bardot était mercredi sur l’écran de la salle Henri Langlois, grâce à la projection du film de Godard, Le Mépris. Je pourrais vous donner dix, vingt, cent autres exemples… S.T.

  12. Nakis a écrit :

    C’est vrai ce que vous dites. Il y a de choix à faire et nous respectons vos choix. Mais en ce qui concerne les figures emblématiques du cinéma, il me semble qu’elles méritent tous les hommages possibles. Après tout, il n’y a qu’une seule Grabo, un seul Chaplin, une seule Marlène une seule Louise Brooks. Et j’avoue qu’en 2005 j’étais assez stupéfait que la Cinémathèque française avait « oublié » de rendre hommage à Garbo à l’occasion de son centenaire. Et c’était la seule institution cinématographique en Europe à avoir oublié cet anniversaire. Pour ma part, j’assisté et même donné quelques conférences (à Dublin et à Erlangen en Allemagne) sur Garbo cette année à plusieurs endroits: à la Cinémathèque de Bruxelles, à Londres, à Dublin, à Stockholm, à Milan, à Lausanne, en Allemagne (Festival du Film Muet) etc. La France est restée insensible à cet événement. Etrange pour le pays par excellence de la cinéphilie.

  13. tania a écrit :

    je l’adore c mon comédien préféré!!!!!!!!!!!!!!!!!!! je l’aime