Le réalisateur Chris Marker est mort

Chris Marker est mort le 29 juillet 2012, le jour de ses 91 ans, à son domicile parisien dans le 20è arrondissement de Paris.

De son vrai nom Christian François Bouche-Villeneuve, Chris Marker était l’auteur d’une cinquantaine de films documentaires qui ont profondément marqué et influencé le cinéma mondial. Dans les années cinquante, proche d’Alain Resnais et d’Agnès Varda, il coréalise avec Resnais Les Statues meurent aussi (1953), puis commence à réaliser seul des films qui imposent doucement un ton inédit, un style et une manière inconnue de regarder le monde et d’en rendre compte, un art du montage poétique : Dimanche à Pékin (1956), Lettre de Sibérie (1957), Description d’un combat (1961), Cuba Si (la même année), évidemment La Jetée (1962), un film qui, à partir de photos fixes inventa un style et une nouvelle écriture cinématographique. Le Joli Mai, À bientôt, j’espère (1968), La Solitude du chanteur de fond (sur Yves Montand, en 1974) ; Le fond de l’air est rouge (1977), Sans Soleil (1983), A.K. , son film sur le tournage de Ran, d’Akira Kurosawa (1985), Mémoires pour Simone, réalisé en 1986, en hommage à Simone Signoret, sa grande amie et sa protectrice, L’Héritage de la Chouette (1989), Le Tombeau d’Alexandre (1993), Level Five (1997), Le Souvenir d’un avenir (2003), jusqu’à son dernier court-métrage réalisé en 2007 Leila Attacks.

L’œuvre de Chris Marker a suivi et épousé la deuxième moitié du XXe siècle, en se tenant à la bonne distance des événements historiques qui ont bousculé le monde (quitte à y revenir après coup, en reprenant comme Pénélope le montage de certains de ses films qu’on croyait « terminés ») : Cuba, le communisme soviétique et chinois, la guerre du Vietnam, Mai 68 en France, le Chili, les luttes ouvrières, les combats pour l’émancipation et l’indépendance. Grand moraliste, Chris Marker avait le regard d’un ethnographe engagé, soucieux de styliser son écriture cinématographique. Ecrivain, photographe, essayiste, génial expérimentateur, auteur de nombreux collages qu’il envoyait à ses amis de par le monde, au Japon, en Amérique et partout ailleurs, en se servant des nouvelles technologies et d’Internet, grand voyageur solitaire, Chris Marker, figure libre et souveraine, aimait entretenir le mystère sur sa personne, refusant d’être photographié ou de présenter ses propres films.

Chris Marker, c’est encore le paradoxe dynamique d’un créateur qui fit tout à la fois œuvre personnelle, à la manière d’un artisan, et mit souvent son génie de l’organisation au service des autres, de la cause des autres, initiant ainsi des expériences artistiques et politiques décisives comme l’œuvre collective intitulée Loin du Vietnam (1967) ou des films ouvriers majeurs réalisés dans le cadre des « Groupes Medvedkine », du nom de ce cinéaste soviétique auquel il consacra aussi un film « en solo », Le Tombeau d’Alexandre. Dans le monde cinématographique de Marker, tout se tient : l’individuel et le collectif, le présent et la mémoire, l’intime et le spectaculaire des luttes, le bricolage et la haute technologie, la « petite forme » (la danse sublime de l’éléphant sur une musique de Stravinsky pendant les quatre minutes de Slon Tango, 1993) et la grande histoire (Le fond de l’air est rouge, L’Héritage de la chouette). Du grand art à l’échelle d’un seul homme.

Chris Marker sera incinéré jeudi 2 août à 14h30, au Crématorium du Père-Lachaise.

4 Réponses à “Le réalisateur Chris Marker est mort”

  1. Michèle TATU a écrit :

    Chris, je t’ai rencontré un soir à Besançon. C’était lors d’un week-end de cinéma militant. Tu t’es assis au milieu des spectateurs. Sans rien dire.
    Il y a quelque chose de toi dans cette ville, le « A bientôt j’espère », de ceux qui s’élèvent par la culture pour des lendemains plus beaux.
    Je me souviens du regard caméra de la fin du film, des yeux clairs (les mêmes que les tiens) de Yoyo qui dit « A bientôt j’espère » laissant dans ces mots les points de suspension de toute une vie de luttes et d’utopies fortes…
    Que ton nouveau pays (en noir et blanc peut-être), ta voix off si particulière, le présent de tes images inscrit dans la mémoire politique et poétique du monde nous accompagne dans nos luttes, nos rêves : Les chats continueront de dormir d’un oeil sur les touches d’un piano et les chouettes de virevolter dans les airs. Nous, grâce à toi, on regardera les étoiles noires et blanches, comme la lumière des possibles…

  2. Christophe a écrit :

    Vous avez évoqué lors de l’ouverture de la nouvelle saison une soirée Chris Marker le 24 septembre prochain. Je ne vois rien dans le calendrier, celle-ci serait-elle privée? Comme vous vous étiez adressé à une salle composée d’invités mais aussi d’abonnés, j’ai interprété (à tort?) que cette séance spéciale serait ouverte à tous. Que pouvez-vous nous en dire? Merci.

  3. serge toubiana a écrit :

    Nous sommes en train d’organiser cette soirée du 24 septembre, qui sera ouverte à tous (en fonction des places disponibles). S.T.

  4. PBDA a écrit :

    Objet : Réexp : Céremonie d’obsèques d’Eduardo de Gregorio

    Grâce aux premiers donateurs, que je remercie du fond du Coeur; les arrhes ont pu être versées cet après-midi et les procédures ont pu être amorcées.

    La cérémonie d’obsèques d’Eduardo de Gregorio aura lieu Lundi 22 Octobre 2012.
    Pour les intimes et les « proches », une bénédiction aura lieu avant la mise en bière, à la chambre mortuaire de l’Hôpital St Louis (18 rue de la Grange aux Belles dans le 10ème arrondissement de Paris
    ___ Metro ligne 2 station Colonel Fabien // ligne 11 station Goncourt)

    Pour tous les autres, l’inhumation aura lieu, sans fleur ni couronnes **
    à partir de 15h30 au Cimetière du Père-Lachaise
    (entrée Boulevard de Ménilmontant ____ Metro ligne 2 station Philippe Auguste ou ….station Père Lachaise)

    Pour l’heure, continuer de donner, nous ne l’oublierons pas… nous ne vous oublierons pas non plus.

    SERAIL 1976 – LA MEMOIRE COURTE 1979 – ASPERN 1981 – CORPS PERDUS 1989 – TANGOS ROBADOS 2001

    ** a rose is a rose is allowed

    Début du message réexpédié :

    De : Hugo Santiago
    Date : 17 octobre 2012 18:49:22 HAEC
    À : Eduado De Gregorio
    Objet : Eduardo

    Elle est très bien ta lettre, Pierre. Je la fais suivre, ici et là.
    Je t’envoi aujourd’hui même un chèque de 50 € par la poste (j’aurais aimé pouvoir t’envoyer davantage).
    Tiens-moi au courant.
    Un abrazo,
    Hugo Santiago

    De : Eduado De Gregorio
    Date : Tue, 16 Oct 2012 22:45:07 +0200
    À : , « san.hugosan »
    Objet : Décès d’Eduardo de Gregorio

    Collecte de fonds pour offrir à Eduardo les obsèques qu’il mérite

    Urgent il manque 4000€ pour pouvoir inhumer Eduardo de Gregorio samedi 20/10/12 au Père Lachaise –

    Sans cette somme, il n’aura droit à aucune cérémonie publique, ni trace de sa vie à Paris.

    A toutes les personnes qui ont connu cet artiste hors-normes que fut Eduardo de Gregorio, j’ai le regret de vous faire part de son décès survenu subitement dans la nuit du 12 au 13 Octobre 2012, aux urgences de l’Hôpital St Louis.
    Bien que atteint d’une longue maladie qui l’a fait souffrir depuis plus de dix ans, sa disparition est pour moi, son compagnon d’infortune, une tragédie telle qu’on pourrait croire qu’elle n’existe que dans les fictions cinématographique qu’affectionne le festival de Cannes.
    Malheureusement, derrière les marches et les paillettes du Palais du Festival, se cache la triste réalité de la véritable souffrance humaine.
    Ces dix dernières années à ses cotés furent pour moi un sacerdoce et pour lui un calvaire, qui a très largement nourri l’inspiration des auteurs face à leurs pages blanches.
    Artiste intransigeant face à une production cinématographique toujours plus formatée par le marketing international, il a surtout vécu de peu, consacrant toute sa vie à son Oeuvre. Il a tout quitté en Argentine pour épouser la grande famille du cinéma français.

    Vous êtes sa seule famille et ses films sont ses seuls enfants. Il m’en a confié la charge pour que son oeuvre lui survive et que l’on ne l’oublie pas.

    Appel à donnations pour que les Artistes qui ont vécu la bohème au service de l’Art ne finissent pas avec leur Talent au carré des indigents!

    Que vous soyez amis, proches, producteurs, scénaristes, réalisateurs, comédiens, collaborateurs des équipes de productions, je vous sollicite tous aujourd’hui pour lui épargner le carré des indigents et l’oubli qui ne tarderait pas à emporter son Nom et surtout son Oeuvre. J’ai pu obtenir pour lui, à titre très exceptionnel, la reprise d’une concession au Père-Lachaise, pour inscrire son nom dans la grande histoire de l’Art français, au titre de réalisateur de cinéma d’Art, qui sont peu ou prou sous-représentés dans cette mémoire de la ville de Paris qu’est le Père- Lachaise. N’ayant d’autres famille que celle de l’Art et du cinéma
    cette concession peut contenir près de cinquante urnes d’autres artistes qui ne soucient pas plus de leur départ que ne l’a fait Eduardo.

    Malheureusement, les frais d’obsèques restent très cher et je ne peux subvenir seul à recouvrir toutes les dépenses.
    Si l’addition des aides de la SACD et des caisses de retraites peuvent payer une parie des frais de la cérémonie des obsèques et si je prends à ma charge avec l’aide de ma famille, les frais de mise en Bière, il me manque encore 3000€ pour boucler cet effarent budget à monter en quelques jours. (Pour information une crémation ne représente qu’un peu plus de 1000€ d’économie pour une inscription qui ne reste qu’une année).

    Pour Eduardo (et ensuite pour les oubliés des droits du box-office), je vous invite à faire un don (plutôt qu’une autre marque de sympathie) soit directement en chèque ou espèce envoyer à l’adresse d’Eduardo de Gregorio (voir plus bas), soit par internet sur le compte Paypal « piotrange@free.fr » ou « piotr75@free.fr » de Pierre Bayle d’Autrange
    http://www.paypal.com/

    ou par Paypal Mobile http://www.paypal.com/mobile sur le 0652769666

    ou à l’adresse http://pi.pole.box.free.fr

    Pierre Bayle d’Autrange & Eduardo de Gregorio
    14 rue d’Arcet
    75017 Paris

    On déjà donné :

    Pierre Bayle 1000€
    Catherine Darolles 100€
    Jean Burgallières 500 €
    Evelyne 30€
    Mathieu B. 20€
    Marilyn M. 400€, Bruno Herbulot 40O€, Hugo Santiago 50€,
    Via paypal
    Jorge A. 400€, Damien G. 10€, Rachel 15€

    Rejoignez le mouvement, faites un geste et faites suivre…