Joyeux anniversaire, Monsieur Oliveira!

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Un saut à Porto, ville où je n’avais encore jamais mis les pieds (honte à moi !). L’occasion est belle : ses nombreux amis célèbrent les 100 ans de Manoel de Oliveira. Chacun sait que le plus célèbre des cinéastes portugais est natif de Porto, ville qu’il a célébrée dès son premier court métrage, Douro, Faina fluvial (1931). Je ne regrette vraiment pas d’être venu. Un grand merci à João Fernandes, directeur du musée Serralves, qui a eu la gentillesse de m’inviter. A peine arrivé, il me fait visiter son musée, magnifique bâtiment moderne, situé dans un parc immense sur les hauteurs de la ville. Jusqu’au 18 janvier 2009 s’y tient une belle exposition consacrée à un artiste espagnol très talentueux : Juan Muñoz. Maria de Medeiros nous rejoint pour déjeuner. C’est elle qui présentera la soirée consacrée à Oliveira, prévue autour de 21H30, en présence du ministre portugais de la culture et de nombreux amis de Oliveira.

Le soir, la cérémonie se déroule dans l’auditorium du musée. La célébration du centenaire de Manoel de Oliveira est un événement très important au Portugal. Une commission nationale a même été mise en place, à l’initiative des plus hautes autorités portugaises. Peu de cinématographies dans le monde ont la chance d’avoir un cinéaste d’une telle envergure, fêtant son centenaire alors même qu’il réalise un nouveau film. La cérémonie qui s’est déroulée hier soir n’avait heureusement rien d’académique. Environ deux cents personnes étaient réunies pour entendre plusieurs discours, de gens très proches du cinéaste. Parmi eux, la belle Leonor Silveira et Luís Miguel Cintra, deux acteurs fétiches de Oliveira ; João Bénard da Costa, président de la Cinémathèque du Portugal (et acteur occasionnel dans plusieurs films du cinéaste) ; acteurs ou collaborateurs de Oliveira ; le président et le directeur du Musée Serralves ; le ministre de la culture qui remit à Oliveira la médaille du mérite… A chaque fin de discours, Manoel de Oliveira, assis au premier rang au côté de son épouse Maria Isabel, se levait tel un jeune homme pour remercier l’intervenant, lui serrer la main, l’embrasser ou lui donner l’accolade. Lorsque vint son tour de parler, il remercia, très ému, toutes les personnes présentes et celles qui venaient de témoigner leur gratitude à son égard. Au magnifique discours de Luís Miguel Cintra parlant avec profondeur de son expérience d’acteur, celui-ci répondit : « L’éclat d’un film, c’est l’acteur. Je n’aurai jamais rien appris aux acteurs. Au contraire, j’ai tout appris d’eux. Cela est vrai du cinéma comme du théâtre. La littérature est au-dessus des autres arts. Le cinéma est le miroir de la vie, la synthèse de tous les arts. La littérature n’a pas de limite. Grâce à des auteurs comme Agustina Bessa- Luís, Camilo Castelo-Branco, Madame de La Fayette ou Paul Claudel, j’ai tenté de transcrire au cinéma la photographie de ce modèle qu’est la littérature. »

En fin de soirée, Maria de Medeiros demanda à tous les collaborateurs de la rejoindre sur scène, ce qui fit un magnifique casting. Oliveira les salua tous, la salle était debout. On apporta un énorme gâteau décoré de cent bougies. Manoel de Oliveira les souffla comme un jeune homme. Puis la salle entière entonna un « joyeux anniversaire » des plus vibrant. Oliveira a donc fêté son centenaire, entouré de nombreux amis. Il le fête au travail, puisqu’il tourne en ce moment même un nouveau film à Lisbonne. Avec déjà d’autres projets en tête, qu’il compte bien entreprendre en 2009. Plus le temps passe, plus il se sent des ailes pour attaquer son deuxième siècle.

6 Réponses à “Joyeux anniversaire, Monsieur Oliveira!”

  1. François Sauget a écrit :

    Votre blog fait quand même, pardonnez-moi, très « bling-bling », entre « un saut à Porto », une soirée à New-York ou Los Angeles, un week-end en Inde, en passant par un after au Caire… Certes, c’est votre boulot, mais un peu de discrétion ou de retenue ne vous ferait pas de mal, si je puis me permettre. Il y a des gens qui restent à Argenteuil ou Melun. On dirait que vous voulez en mettre tout le temps plein la vue. Vous devriez aussi changez de couleur. C’est d’une tristesse ce noir… Comme le programme. Le Mexicain fait de la peine aussi dans la cour, attaché avec ces filins, prisonnier.

    Bien à vous quand même du temps que la prog reste bonne.
    et bons voyages…
    François Sauget.

  2. Serge Toubiana a écrit :

    Merci pour ce message de « peine à jouir ». Je ne suivrai pas vos conseils, soyez-en assuré. Et bonnes fêtes de fin d’année. S.T.

  3. François Sauget a écrit :

    Votre réponse démontre que vous êtes, me semble-t-il à côté de la plaque. Et vous m’inquiétez.
    Ne suivez surtout pas mes conseils, continuez, vous n’écoutez de toute façon que vous même et, à l’évidence, vous ne jouissez que de votre propre personne et de votre propre reflet.
    Longtemps critique, vous êtes incapable de vous remettre en question. En bien pâle gestionnaire, quelle facilité, de la Nouvelle Vague… C’est très intéressant humainement votre parcours, Mao un jour, Mambo toujours. Malheureusement, j’aurais bien voulu, mais il m’est assez malaisé, Monsieur, en votre présence, de jouir durablement à la Cinémathèque.
    Heureusement, la programmation reste bonne et désirable. Il demeure malgré tout du plaisir à la Cinémathèque et, quelque part, bien malgré vous.
    Je vous embrasse en tout cas. Et une excellente suite dans votre carrière.
    Un ministère ?
    Votre François.

  4. Serge Toubiana a écrit :

    Cher François Sauget,
    Je ne sais pas de quelle plaque vous parlez. La vôtre (jugement, procès, etc.) ne m’intéresse guère. Désolé de vous empêcher de « jouir » pleinement de la Cinémathèque. Ma présence visiblement vous gêne. Il faudra tout de même vous y faire. Et que puissiez trouver la programmation « bonne et désirable », en dépit de ma présence, me réjouit pleinement. A vous de faire avec vos propres contradictions. Quelque part… comme vous dites. S.T.

  5. Francois Sauget a écrit :

    Réponse à Serge Toubiana ou l’hédonisme du petit four

    Même si mon jugement, procès ne vous intéressent pas, je me permets d’insister pour essayer de vous faire comprendre de quelle plaque je parle. A vos divers commentaires, je réponds par cet amical nouveau petit billet, témoignant de mon affection pour la Cinémathèque. Car comme dit le proverbe populaire, qui aime bien, châtie bien. Je voudrais la transmettre par ailleurs à l’espace cinéphile, avec le secret espoir d’être publié sachant que cela ne fonctionne pas tout le temps sur le talent – j’aurais donc mes chances – mais davantage sur les relations, je compte sur vous. Intercédez auprès d’eux pour moi s’il vous plaît.
    Bien que mon attaque fût un peu taquine et vive, je dois le reconnaître, j’ai tout de même été surpris par la teneur de votre première réponse qui, je crois, est à la fois drôle et symptomatique, bien que bien basse en provenance d’une si haute personnalité, à si haut rayonnement, apôtre de la belle langue, de l’élégance, du style même, et du libertinage sans entrave ni contredit.
    Entrez, usagers, à la Cinémathèque, vous le verrez, ça groove grave, c’est très sexe. Puisqu’on vous le dit, on vous le montre aussi : il y a le totem phallique devant. Avec un chapeau mexicain. Ficelé, c’est hot, dans sa prison. Bordé de crottes de caniches. Attention, les artistes, les rebelles, accrochez-vous, tex mex à 500 mètres. Faites ronfler les motocrottes : Born to be wiildeeeeu !!! Ah, non, il y a une merde encore, le restaurant qui vendait de la merde a fermé, car encore de la merde et toujours de la merde, cette fois sous plastique. Ben oui, mon vieux, vous me poussez à la vulgarité, que voulez-vous.
    Enfin, je considérais, à tort sans doute, qu’un ancien critique pouvait supporter la critique, que cette dernière pouvait surtout être susceptible d’apporter un regard différent sur cette institution et, à défaut, un peu de bouillon dans le jus de louanges nauséeuses qui barbouillent le pourtour de vos posts. Je considérais par ailleurs, que vous pouviez vous fendre au moins d’une réponse argumentée. Rien. Il me semble de ce fait que vous soyez un brin en dehors des réalités et que vous êtes par là un intéressant objet d’études pour nos sociologues, poètes, révolutionnaires et/ou arrivistes en devenir. Moi, le premier.
    Bien sûr, il faudrait se conformer en tous points à la doxa du prince, aux croûtes resucées des Cahiers et éternellement à votre sainte parole d’esthète, modèle d’hédonisme, hédonisme du petit four, il va sans dire. Plus grave, il faut que ça brille, que ça jouisse, ou plutôt que ça consomme (vous confondez les deux, à mon avis). Vous donnez l’exemple en première classe : voilà du bel ouvrage ! Et que ça dégouline de partout. Tout le monde doit vous révérer, vous, incarnation de la Cinémathèque, vous, notre nouveau Langlois. Et systématiquement et en toute circonstance vous dire que c’est bien, et que vous nous faites rêver, vous, votre jet-lag continuel et vos halls d’hôtel, quatre étoiles.
    Ben non, mon gros, non et non. C’est la crise. De la mesure face aux ploucs, aux chômeurs, aux prolos, à la classe en dessous de la moyenne qui vous lit. Et un peu de contradiction dans votre dialectique ne vous ferait aucun mal ! Rappelez-vos votre jeunesse, les mjc, les débats ! Souvenez-vous, à l’époque vous cassiez déjà des briques !
    Finalement, est-ce vous aider vous et la Cinémathèque que vous louanger ? Non. La Cinémathèque doit être un lieu ou intervient le débat, la contradiction, les engueulades. Sinon à quoi sert-elle encore ? Ne serait-ce plus qu’un énième supermarché culturel ? De grâce !
    Presque affectueusement quand même donc. Frère humain.
    François Sauget.

  6. Serge Toubiana a écrit :

    Cette lettre, qui n’appelle aucun commentaire, restera donc sans réponse. S.T.