Marcel Hanoun

Le cinéaste Marcel Hanoun est décédé, samedi 22 septembre 2012 au soir, à la suite d’un arrêt cardiaque à l’âge de 82 ans.

Né le 26 octobre 1929 à Tunis, installé à Paris dès l’après-guerre, il est d’abord photographe et journaliste, avant de réaliser des films, d’écrire sur le cinéma et de fonder une revue, Cinéthique en 1969. Il est entre autres l’auteur de Cinéma cinéaste, paru en 2001 (éditions Yellow Now).

En 1959 Une simple histoire le fait remarquer, en particulier par Jean-Luc Godard, et signale d’emblée son importance singulière : un récit dramatique tiré d’un fait divers, mais raconté avec une économie de moyens inédite, en 16 mm, un montage et un commentaire novateurs, un refus de l’émotion immédiate comme le prix d’un véritable humanisme.

Dès lors et pendant 50 ans, Marcel Hanoun œuvre par et pour le cinéma : quelque 70 fictions et documentaires de toute durée, dans tous les formats, sur tout support, et ne relevant d’aucun genre institué sauf de l’essai filmé et de l’expérimentation continue. Une œuvre qui a toujours su allier l’absence de moyens matériels à l’inventivité formelle : Octobre à Madrid (1967), L’Été (1968), L’Automne en 1971 et Le Printemps en 1972 (deux films avec Michael Lonsdale), La Vérité sur l’imaginaire passion d’un inconnu (1974), Otage (1989), Je meurs de vivre (1994), Chemin d’humanité (1997), Jeanne, aujourd’hui (2000), Cello (2010).

Dans L’Authentique Procès de Carl-Emmanuel Jung (1967), l’un de ses plus beaux films (en partie produit par Jean-Luc Godard et monté avec Jean Eustache), il invente une mise en scène simultanément documentée et allégorique du jugement d’un criminel de guerre nazi. Le film suscite une réflexion et une émotion intense, en ayant recours à une diction dénuée affects apparents, « paroles atonales, sans passion, pour dire l’horreur sans mesure du crime nazi » (M. Hanoun).

Récemment, déjà malade, il signait Insaisissable Image en 2007, tourné avec un simple téléphone portable : un film sur sa vie d’alors, soumise au rythme implacable des dialyses. Et un film de vie, léger et inspiré, drôle, manifestant à chaque plan un amour du monde et du cinéma, une croyance inébranlable en leurs beautés et puissances conjuguées.

En mai 2010 la Cinémathèque française lui rendait hommage, en sa présence, en projetant l’intégralité de ses films. En prévision de cet événement et depuis lors, avec la complicité attentive du cinéaste, la Cinémathèque française a mené et continue de mener un travail de sauvegarde et de restauration de son œuvre.

Une rétrospective de ses films est prévue au Saint-André des Arts, du 14 novembre au 11 décembre 2012, sous le titre : Marcel Hanoun, Un Autre Regard. Cello (2009, 70 minutes) y sera projeté en avant-première, le 26 octobre à 20 heures.

Une Réponse à “Marcel Hanoun”

  1. wagner edelman a écrit :

    J’ai bien connu Christine PASCAL avant qu’elle ne décède.
    Je suis heureuse de voir son film.Je la regrette, car sa forte personnalité, fragile et délicate à la fois, n’a jamais été bien perçue par les médecins de médecine occidentale.
    J’aimerais tant que les médecins soient aussi, à l’instar des chinois, des philosophes, des masseurs, des acuponcteurs…
    Mais enfin, je vous remercie pour ce message, qui, comme un cerf volant, s’envole peut-être vers Christine, dans une cosmogonie nouvelle!
    Entre parenthèses, ISIS était souvent représentée par un cerf volant, et Madame Matisse Monnier – Jackie – crée des cerfs volants, autant de belles voyelles qui s »‘appuient » sur des consonnes un peu trop dures, comme celles que l’on a utilisées pour la torture qui adoné le mot « travail ».
    Alors, vivent les envolées lyriques!

    Amicalement.
    Francine Wagner Edelman

    Francine WAGNER EDELMAN