Le Cinéma, cent ans de jeunesse 2009-2010

Le tournage du film-essai de la classe de 5ème (turma de 7ºano) de l’École Secondaire de Serpa s’est déroulé durant un samedi et un dimanche. Le premier plan du film, qui est aussi le premier plan que nous avons tourné, a été très compliqué. C’était un travelling mais aussi un panoramique avec des personnages qui se croisait. Notre gros problème a été avec le travelling qui faisait des a-coups, et ce n’était pas de notre faute. Nous n’avons pas réussi à faire une seule prise sans chocs. Portant nous avons décidé de laisser le plan dans le montage car il introduisait l’histoire et les rapports entre les personnages. Le second travelling prévu, lors d’une émotion du personnage principal, a été coupé, nous n’avons gardé que la fin du plan qui est en panoramique. Les autres mouvements du film, des panoramiques principalement, n’ont pas posé de problèmes particuliers.

Plus tard, nous avons compris que le problème venait des tubes, des rails, qui n’étaient pas assez  solides. Le club de cinéma, qui a tourné après nous, a profité de cette mauvaise expérience car avec des tubes plus solides, ils n’ont pas eu de problèmes de ce coté là.

Depuis le début de l’année, nous avons travaillé dans le cadre d’un atelier de technologie à la fabrication d’un chariot de travelling. La première étape consistait à réunir le matériel et les outils. Camille a apporté une vieille paire de rollers, Kélian des tubes de PVC et un magasin nous a fourni des chutes de moquette. Nous avons acheté le reste des pièces : une planche d’aggloméré, des tasseaux de bois, des vis, des boulons et des équerres métalliques.

Nous avons commencé par l’assemblage des roues sur les équerres métalliques et par leur fixation sur la planche.

Après un premier essai, nous avons ajouté de la moquette entre la planche et les roues pour limiter le bruit et les vibrations. Nous avons ensuite monté les tasseaux de bordure et le guide.

Pour terminer, nous avons tapissé la planche d’ouate et de moquette pour mieux l’insonoriser.

Nous avons fait les derniers réglages d’écartement des roues.

Nous avons adapté des manchons en bois pour pouvoir assembler les rails entre eux.

Le chariot étant prêt, nous avons fait un premier essai réussi pour son baptême avec une caméra embarquée.

Le chariot construit à l’école est prêt. Un premier essai à lieu. Le travelling devra servir pour le club de cinéma mais aussi pour le film de la classe de 5ème.

Nous avons pris le chariot à plateaux de la cantine.
Il est gros, on peut monter à trois dessus.
Plus le chariot est lourd, et plus il est stable.

La caméra a été sanglée à la poignée avec des sangles de déménageur.
On pouvait encore bouger la tête du pied et faire des panoramiques.
Pour lever le pied, il fallait bouger une manivelle qui faisait monter la tête.
Mais alors, le pied est moins stable : il vaut mieux la baisser au maximum.
En plus, cette hauteur là correspond à peu près à nos yeux.

Nous sommes allés dans le Hall pour y tourner notre travelling.
Nous avons installé le chariot sur la rampe d’accès aux personnes handicapées.
Deux élèves retenaient le chariot dans la descente, et le poussaient dans la montée.
Un élève dirigeait le chariot sur le lino : la rampe est droite, on est obligé de la suivre.

Pendant les intercours, il était impossible de faire jouer les acteurs : il y avait trop de bruit et de monde.
Pour nous entrainer, nous avons donc fait des travellings le plus lents possibles, pendant l’intercours, lorsque le collège tout entier passe par le hall.
Des travellings latéraux, un travelling avant.

Ensuite, nous les avons montés et regardé avec musique et sans musique.
La musique et la lenteur du mouvement font qu’on a l’impression que les personnages marchent au ralenti.

Qui parmi vous a fabriqué son propre chariot de travelling, comme les élèves du lycée Raspail ou du collège Matraja ?
A la Cinémathèque, nous avons eu l’idée de construire une machinerie artisanale qui puisse ensuite servir dans les établissements scolaires. La fabrication d’un chariot a été confiée à Nicolas Plateau, conférencier dans l’équipe pédagogique et qui a également accompagné de nombreux ateliers  du Cinéma, cent ans de jeunesse.

Nicolas a suivi pas à pas cette notice trouvée sur Internet : « Fabriquer une dolly skateboard » . Le chariot, appelé aussi « dolly« ,  est constitué d’une planche en bois d’un mètre carré environ. Quatre paires de roulettes de skateboard sont fixées sous le plateau. Les rails sont constitués de tube en PVC (utilisé en plomberie courante). Il faut prévoir 5 mètres de rails, et aussi de la quincaillerie. Pour la fabrication, il faut compter une journée (achat et choix du matériel puis construction).
Le chariot tient dans le coffre d’une voiture. Il permet de se tenir sur le plateau avec le pied de la caméra, tandis qu’un machiniste le pousse. Bien qu’amateur, le principe est équivalent à celui d’un travelling professionnel : il oblige à une coordination de déplacement entre acteur, cadreur et machiniste, chacun insufflant au plan sa propre énergie. C’est un vrai travail d’équipe.

Sur la photo ci-dessus, on voit Diane Baratier (chef-opératrice et intervenante sur un atelier) en train de pousser le chariot du travelling. Elle explique, démonstration à l’appui, que la barre de poussée de notre chariot n’est pas du tout adaptée à une prise en main solide : depuis, sur ses conseils, Nicolas l’a améliorée, en la remplaçant par un gros serre-joint! Et vous, quelles améliorations avez-vous pensé à apporter ?

A bientôt de découvrir les travellings de vos films…

Sandra Sana (service pédagogique de la Cinémathèque)

L’école Albert Camus se trouve dans un quartier « sensible » de la ville de Nîmes en Languedoc Roussillon.

L’atelier se passe dans une classe à double niveau : CE2-CM1, cela ne pose aucun problème, bien au contraire il nous semble que cela permet de laisser une plus grande part à l’expression et à l’imagination des enfants.

Le chariot travelling 

Depuis notre première intervention en novembre sur le thème des mouvements de caméra, nous avons réalisé plusieurs exercices chacun basé sur un mini scénario écrit par les enfants : cinq en tout.

Chaque exercice est réalisé par une équipe. Chaque enfant occupe, chacun son tour, les différents postes de l’équipe : réalisateur, machiniste, chef opérateur, clapman, son…

Pour l’exercice 5, il s’agissait d’un mouvement assez complexe. Un travelling non linéaire* combiné à des panoramiques pour rattraper le cadre en cours de mouvement.

La caméra suit un enfant qui passe de classe en classe pour récolter les inscriptions à l’étude du soir.

Pour réaliser cette séquence, nous avons installé et fixé la caméra sur un chariot de manutention.

Pour la manipulation : 1 enfant est à la caméra et 1 enfant pousse le chariot.

* c.a.d. que le mouvement que fait la caméra ne suit pas une ligne droite.

Exercice 5 – Travelling sur chariot avec suivi d’un personnage : 

Synopsis de l’exercice ayant pour titre  » La cafétéria »
durée 1mn25. Année 2009/2010
Le contrat fixé était le suivant:
Séquence A Elément fixe caméra fixe (2)
SB Elément mobile caméra fixe (5)
SC Elément fixe caméra mobile (1)
SD Elément mobile caméra mobile (4)

Synopsis
Loïc, élève au lycée, reçoit un SMS « rdv à la cantine ».
Arrivé au restaurant, il prend un plateau, y place un verre, et un morceau de pain.
La salle semble bien vide mais Loïc se met à table.
C’est en lisant une affiche qu’il s’aperçoit que le restaurant est fermé cette semaine et n’ouvre que la semaine suivante.
Pour réaliser la séquence D, sujet mobile et caméra mobile, nous avons choisi de placer la caméra et l’opérateur sur un chariot à roues. Ce chariot provient d’un ancien aspirateur industriel sur lequel seul le système de roulement a été conservé. Les premières images tournées ont mis en évidence des saccades et vibrations. Pour y remédier, nous avons équipé le caméraman d’une « glidecam« , appareil proche de la steadycam. Cet équipement pour être efficace doit comporter le gilet support reportant le poids au niveau du corps et non au niveau du bras. Les images obtenues font l’effet d’un mouvement très fluide.

Pour le deuxième exercice, nous avons travaillé en équipe. Nous avons ainsi chacun fait des « métiers » différents pour chaque plan. Nous étions à tour de rôle réalisateur, perchman ou directeur de la photo. Voici quelques exemples :

Idris filme Amine et Simon dans le couloir de l’école. Il a choisi de faire son plan en caméra fixe.

Shékina tient un parapluie au-dessus de la caméra pour la protéger de la neige !

Lia fait un travelling dans lequel elle a choisi de filmer des enfants de dos, qui marchent dans le couloir. Elle est aidée par Hephzibah qui s’occupe de la poussette.

Voici une équipe au travail : Penda est la réalisatrice du plan, Christophe le directeur de la photo et Lounès le perchman :

Voici quelques photos prises lors du premier exercice. Chaque élève a réalisé un plan d’une minute. Nous avons testé des mouvements de caméra différents.

Djéminatou filme en caméra portée Shékina qui distribue des cahiers :

Christophe filme des enfants qui dansent. Au début du plan, la caméra est fixe puis il a fait un panoramique pour suivre les enfants dans leurs mouvements :

Simon s’apprête à faire un panoramique pour suivre Idris qui va aller chercher un livre dans la bibliothèque. Ensuite, il a fait un zoom avant sur le livre :

Clary explique à Shékina comment vérifier la bulle sur le pied de caméra avant de commencer à filmer :

Clary explique à Lia comment filmer en caméra portée des enfants qui marchent dans la cour :

Kahina fait un travelling pour filmer des enfants qui font du skate-board dans la cour. Idris s’occupe de la poussette, il est le machiniste :

Amine se prépare à faire un travelling sur poussette pour filmer des enfants qui font la course. Simon est son machiniste :

Pour les mouvements de caméra, sujet de l’année pour notre option, la réalisation d’un chariot travelling s’est vite imposée. Après diverses recherches sur internet pour une réalisation « artisanale », nous avons choisi de faire acheter deux rails comportant chacun quatre roues, en forme de diabolo de cirque. Ces 2 pièces provenant des Etats-Unis, nous avons été dans l’obligation de reporter la réalisation du chariot début janvier. En attendant, nous avons acheté du tube PVC de plomberie et commencé à coller les 80 réducteurs nécessaires au montage par emboîtement des 20 mètres de rails et réaliser sur une machine du lycée les 16 entretoises en plastique assurant le lien entre les tubes. Le chariot a été conçu pour embarquer la caméra et de l’éclairage. (120cm par 90cm), Bien qu’étant artisanale cette fabrication a demandé un investissement de 375€ !