Nous avons lancé l’atelier en menant en parallèle visionnage et travail pratique avec le premier exercice autour des minutes Lumière. Les élèves ont chacun choisi une minute. La réalisation et le tournage se sont fait collectivement, par petit groupe de 6, le réalisateur guidant le caméraman et le perchman, de sorte que chaque élève puisse avancer dans l’apprentissage de l’utilisation de la caméra, de la composition du cadrage, du choix des sons, de l’organisation d’un tournage. Petit à petit les minutes ont été plus riches, plus maîtrisées, plus facile à mettre en place pour les élèves lorsqu’ils commençaient à être plus à l’aise avec le matériel et la préparation d’un plan.
Nous avons regardé les minutes Lumière nous attachant au départ à la question de la durée et du rythme (il peut se passer des choses intéressantes en une minute… on peut réussir à captiver l’attention du spectateur !) puis développant un travail autour des plans séquences plus complexes avec des « doubles (ou triple) scènes ».
L’observation du réel des minutes Lumière s’en est trouvé un peu détourné : Une moitié de la classe a tourné dans l’école, se filmant. Nous leur avons demandé de choisir une action et de la mettre en scène, le réel filmé étant celui découlant de ces situations : le quotidien des élèves, leurs jeux, leurs gestes. Il a fallu à chacun choisir une action ou une situation, un décor, un ou plusieurs « comédiens », les mettre en scène, choisir un cadre, et une fois le dispositif en place, observer la situation et l’épuiser jusqu’à ce que le « réel » reprenne le dessus sur la mise en scène. En leur demandant de choisir des situations de leur quotidien, le réel pouvait resurgir tant ils ont été happés par certaines situations qu’ils étaient en train de jouer. Cela a bien fonctionné pour certaines minutes (les secrets, récréation, la lecture dans l’escalier). Dans l’école, durant les tournages, nous sommes aussi restés à attentif à ce qui pouvait être capté sur le vif, sans interaction de l’équipe. Alors, collectivement, le petit groupe a pu tourner quelques minutes supplémentaires (par exemple la sortie dans la cour).
Nous avons également tourné en extérieur, nous attachant à capter le réel, à la façon des minutes Lumière. Nous avons fait quelques minutes au cimetière du Père Lachaise, où « peu » de choses ont semblé se produire pour les élèves, peu de promeneurs et seulement la lumière ou les feuilles d’automne tombant des arbres… ces mouvements ont été remarqués plus tard, au visionnage.
