Archive pour le 1.02.2010

Jim Carrey à la Cinémathèque

lundi 1 février 2010

Manmoon

Jim Carrey sera reçu ce soir à la Cinémathèque française, à l’occasion de la présentation de son nouveau film I love You Phillip Morris, dans lequel il partage l’affiche avec Ewan McGregor. C’est aussi le coup d’envoi d’un hommage qui va durer jusqu’au 14 février, au cours duquel sont programmés une bonne vingtaine de films de cette star du burlesque. I Love You Phillip Morris est coréalisé par Glenn Ficarra et John Requa, également présents ce soir à la Cinémathèque – leur film sortira le 10 février, distribué par EuropaCorp, la société de Luc Besson.

Ce midi, Jim Carrey et Ewan McGregor étaient reçus au ministère de la Culture par Frédéric Mitterrand, qui les décorait l’un et l’autre des Arts et Lettres. C’est devenu une coutume de la part des ministres successifs de la Culture depuis Jack Lang, que de décorer les artistes étrangers de passage à Paris. La cérémonie ce midi avait un air plutôt surréaliste, les deux acteurs encadrant Frédéric Mitterrand avec sympathie, écoutant les louanges sincères d’un ministre cinéphile. Jim Carrey faisait parfois des grimaces, c’est plus fort que lui, mais l’on sentait qu’il était ému par le cérémonial. Le fait d’entendre un ministre dire l’admiration que lui voue le public en France avait de quoi l’émouvoir, lui qui revendique une lointaine origine française puisque issu d’une famille nommée Carré provenant de Saint-Malo.

La Cinémathèque est en ébullition à l’idée de recevoir cet acteur burlesque qui ne laisse personne indifférent. Ce soir les trois salles seront prises d’assaut, la plupart des invités et abonnés espèrent voir de près cet acteur qui a fait de la métamorphose physique sa marque de fabrique. Jim Carrey n’a jamais peur d’être obscène, de jouer avec les limites du « politiquement correct ». Il le fait avec son corps et sa bouche, prononçant des borborygmes explosifs. Il y a chez lui un mélange décapant entre l’enfant attardé et régressif qui fait des grimaces, se déguise ou se transforme, et le culot provocateur d’un adulte mal dans sa peau, démontrant ou dénonçant le caractère grotesque du monde moderne.

Parmi tous les films dans lesquels il a joué, je garde un faible pour celui de Milos Forman, Man on the Moon, réalisé en 1999. Jim Carrey y incarnait un personnage très provocateur de la télévision et du show américain, Andy Kaufman. Le film était une sorte de critique de la société du spectacle, jouant sans cesse avec les frontières du rire et de l’ironie macabre et celles de la destruction même du spectacle. Ce film je crois n’avait pas très bien marché aux USA, et pour cause. Les Américains n’aiment sans doute pas qu’un artiste étranger les regarde vivre et se moque d’eux. Même quand cet artiste se nomme Milos Forman. Avec Larry Flint, du même Forman, c’est néanmoins ce que j’ai vu de plus fort, de plus intelligent et de plus corrosif sur la société américaine contemporaine, ici retournée comme un gant par l’œil précis d’entomologiste d’un immense cinéaste. Dans Man on the Moon, Jim Carrey était littéralement exceptionnel.