Archive pour le 14.10.2008

Guillaume le conquérant

mardi 14 octobre 2008

C’est hier, entre 18h15 et 18h30, à la Cinémathèque française. Jour de fête avec la visite privée de l’exposition consacrée à Dennis Hopper, aux côtés de la ministre de la culture, Christine Albanel. En avant goût de l’ouverture de cette belle exposition. Dennis et Victoria Hopper, leur fils Henry, Julian Schnabel, Costa Gavras, Jean-Paul Rappeneau, Véronique Cayla, Bertrand Méheut, Agnès b., Pierre Rissient, Jean-Michel Arnold, Martine Offrroy, Sophie Seydoux, et beaucoup d’autres amis et personnalités. Et puis, la nouvelle commence à circuler tout bas : Guillaume Depardieu est mort ! Quelque chose comme le temps qui s’arrête. Dans l’euphorie d’une visite d’exposition, mélange de cohue et de plaisir, où chacun tente de se frayer un chemin parmi les caméras et les photographes, un véritable coup d’arrêt. A quoi bon ces rites, si l’on sait qu’ailleurs dans la ville, à Paris ou pas loin, un drame vient de se produire, qui nous touche et qui foudroie des gens, une famille, des personnes que l’on estime et admire. Les Depardieu.

Des quatre Depardieu, Guillaume était le seul que je ne connaissais pas. Mais je connaissais comme vous l’acteur. Et l’acteur était peut-être la meilleure partie de lui-même. Un être de chair et de sang, à vif. Un écorché. Il n’avait suivi aucune école de jeu, sauf celle qui consiste à se heurter aux murs, la tête en avant. Parcours atypique au possible, du genre à vous éviter à tout jamais la moindre tentation académique. Sa « méthode » – elle n’appartenait qu’à lui – a donné de beaux résultats. Car mine de rien, en moins de vingt ans à peine : une vraie filmographie. Quelques belles fidélités : Pierre Salvadori, Leos Carax, Josée Dayan… Un film unique : Ne touchez pas à la hache de Jacques Rivette. Le dernier film que j’ai vu de Guillaume Depardieu était réalisé par Pierre Schoeller : Versailles (sorti tout récemment). Premier film impressionnant, avec des personnages venus d’un autre monde. Des mutants. Ou alors des qui vivent totalement en marge du monde, dans la forêt, et qui s’inventent leurs propres règles. Chaque fois qu’ils essaient de passer de l’autre côté, de quitter l’âge de pierre pour revenir vers nous, quelque chose de plus fort qu’eux les en empêche. Beau film sombre.

Guillaume Depardieu était un enfant de Jean Cocteau. Un enfant terrible, et un chevalier sur sa monture. Erreur de paternité. On a trop dit de choses mesquines sur ses relations difficiles avec son père, notre grand Gérard. Pas envie de me mêler de cela. C’est leur histoire. J’aime trop les Depardieu, Gérard, Elisabeth et Julie, ces enfants de la balle pour… Juste envie de les serrer dans mes bras. Dans nos petits bras ridicules de cinéphiles.